Kibago : huit personnes d’une même famille en détention

Kibago : huit personnes d’une même famille en détention

Elles ont été interpellées samedi dernier sur la colline de Mbizi. C’est en commune de Kibago dans la province de Makamba (sud du Burundi). La police et les renseignements les accusent de collaborer avec de bandes armées. Les intéressées réfutent les accusations au moment où leurs proches parlent d’un harcèlement conséquent de la manifestation contre un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza en 2015. La gouverneure de province elle, menace de sacrifier toute la colline de Mbizi « qui n’obéit pas les ordres des autorités en place ». (SOS Médias Burundi)

C’est le commissaire provincial de la police et le représentant du SNR (service national de renseignements) à Makamba qui ont appréhendé les huit personnes, selon des sources locales.

« Le commissaire et le représentant du SNR sont venus accompagnés de nombreux policiers chez cette famille. Ils ont d’abord fouillé le domicile sans trouver quelque chose de compromettant. Mais ils n’ont pas hésité à les arrêter. C’est bizarre parce qu’ils n’avaient pas de mandat, d’ailleurs même le paquet n’était pas avisé. C’est un désordre consacré […] », disent des habitants.

Parmi les interpellés figure une mère d’un bébé de moins d’une année et d’un autre de trois ans. Elle a été séparée de ses deux enfants.

Selon des sources policières locales, les concernés sont soupçonnés de collaborer avec de bandes armées. Lors de l’interrogatoire, un officier de police judiciaire les a interrogés sur les fonctions qu’ils occupent au sein du mouvement FOREBU (Les Forces populaires du Burundi, anciennement Forces républicaines du Burundi), une faction armée burundaise particulièrement active depuis le début de la crise politique de 2015 déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza cette année.

Menaces

L’arrestation des huit individus est intervenue après une réunion tenue par la gouverneure de Makamba au cours de laquelle elle a menacé les habitants de la colline de Mbizi.

« Françoise Ngozirazana a improvisé une réunion samedi le 2 avril. Elle nous a accusés d’envoyer nos enfants dans des bandes armées, ce qui n’est pas vrai. Elle a déclaré que notre colline est mal connue même par la présidence de la République et qu’elle sera sacrifiée. Nous ne savons pas encore comment », déplorent des habitants qui disent avoir été surpris d’entendre que leur colline est considérée comme » insurgée » sur les 139 que compte Makamba.

Des observateurs locaux comme des habitants de Mbizi pensent que la colline est victime des manifestations qui s’y sont déroulées en 2015 contre un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza .

À cette époque, alors que la manifestation battait son plein dans la ville commerciale Bujumbura, la colline de Mbizi est l’une des rares localités en provinces où des gens sont également sortis dans les rues pour exprimer leur position. Ce qui n’a pas été sans conséquences : deux jeunes gens ont été tués par la police. Plusieurs autres jeunes ont depuis fui vers les pays de la sous-région.

Les détenus dont le chef de ménage et son épouse sont gardés au commissariat communal de Makamba.

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Photo : la province de Makamba

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