Les journalistes du groupe de presse Iwacu risquent 15 ans d’emprisonnement

Les journalistes du groupe de presse Iwacu risquent 15 ans d’emprisonnement

Les quatre journalistes du groupe de presse Iwacu ainsi que leur chauffeur ont comparu pour la première fois  en audience publique ce lundi devant le tribunal de grande instance de Bubanza.  Le ministère public a requis contre eux une peine d’emprisonnement de 15 ans, la privation du droit de vote pendant cinq ans ainsi que la saisie de tout le matériel déjà confisqué constitué d’une voiture, de deux téléphones, d’un chargeur de batterie de téléphones, de deux carnets et de cinq cartes d’identité .(SOS Médias Burundi)

Au cours de l’audience publique, le ministère public  s’est expliqué sur l’infraction qu’il a retenue contre les employés du groupe de presse Iwacu. «Ils ont eux-mêmes affirmé à travers des messages téléphoniques qu’ils collaborent avec des rebelles. Nul n’ignore qu’l y a des rebelles qui veulent renverser les institutions », a déclaré devant le siège le représentant du ministère public Jean Marie Ntamikevyo. 

Citant les messages retrouvés dans un téléphone de l’une des journalistes,  le ministère public a indiqué qu’elle a elle-même affirmé qu’elle allait appuyer le groupe rebelle qui avait attaqué à Musigati en province de Bubanza (ouest du Burundi) en date du 22 octobre 2019.  Pour lui, les quatre journalistes et leur chauffeur  formaient un corps d’appui aux rebelles. «Il s’agit d’une infraction continue. L’attaque avait été planifiée depuis longtemps. Ils se sont rendus sur terrain parce qu’ils sont en contact permanent avec les rebelles».

Les juges ont voulu savoir le lien entre les messages que notre consœur a échangés avec un confrère et l’infraction de complicité d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat. Pour le ministère public, cela est prouvé par le rôle et la responsabilité de chacun. «Parmi les journalistes, certains allaient tendre le micro, d’autres prendre des vidéos, d’autres traduire les informations en français et en anglais pour que les blancs comprennent ».

Les quatre journalistes ont rejeté toutes les accusations.  Ils ont cité des textes tant nationaux qu’internationaux qui leur autorisent de travailler sur tout le territoire du pays. Concernant les messages évoqués, les avocats ont démontré qu’il n’existe pas de faits constituant une infraction, encore mois un élément intentionnel.

Les journalistes du groupe de presse Iwacu ont aussi expliqué qu’ils avaient essayés de contacter le gouverneur de la province de Bubanza avant d’arriver à Musigati.  « Malheureusement, il n’était pas au bureau ». Ils ont tous plaidé non coupables et ont demandé d’être relâchés sauf le chauffeur qui a bénéficié de la libération provisoire.   

Contrairement aux autres procès de journalistes et activistes dans le passé où les délégations diplomatiques à Bujumbura étaient représentées, ce lundi elles n’avaient pas envoyé d’émissaires.

Les employés du groupe de presse Iwacu ont été arrêtés le 22 octobre 2019. Ils travaillaient sur l’incursion d’un groupe armé en provenance de la province du Sud-Kivu (Est de la RDC). Ils ont été accusés de  « complicité d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État ».

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