Burundi : un intransigeant à la tête du CNDD-FDD
Réverien Ndikuriyo est le nouveau secrétaire général du CNDD-FDD. Il a été approuvé ce dimanche dans un congrès extraordinaire du parti au pouvoir qui s’est déroulé dans la capitale politique Gitega. L’homme est connu pour ses discours hostiles envers des opposants. Le nom de Réverien Ndikuriyo est le seul à avoir été présenté aux congressistes par le conseil des sages pour approbation, à la surprise de certains membres du parti présidentiel. (SOS Médias Burundi)
Le nouveau patron du CNDD-FDD a promis de « corriger » des militants qui s’égarent, selon lui. « Excellence Monsieur le président, c’est moi-même qui vais envoyer les listes des Bagumyabanga (membres du CNDD-FDD) à promouvoir. S’ils ne servent pas les Burundais comme il faut dans leur mission, il faudra me les renvoyer. Je vais les corriger un peu et si possible vous pourrez les réaffecter à leur poste », a-t-il menacé.
Son prédécesseur s’est beaucoup félicité que l’événement est organisé au moment où les relations entre le Burundi et la communauté internationale sont améliorées.
Il a indiqué être très optimiste même pour le rétablissement des relations avec le Rwanda. « (…) nous avons déjà vu le nœud de notre mauvaise relation. Ils le savent et nous le savons. Ce qui reste c’est qu’ils règlent ça… Vous savez ce sont des frères. Nous avons beaucoup de choses en commun avec le Rwanda: la langue et la culture… Il n’est pas bon que nous nous déchirions tout le temps. (…). Je suis très confiant que nous serons encore amis avec le Rwanda demain », a rassuré Évariste Ndayishimiye.
Des organisations de défense des droits humains estiment que le choix de M. Ndikuriyo ne présage rien de bon pour le respect des droits humains au Burundi. « Le nouveau secrétaire général du parti est de l’aile dure du parti. Lorsqu’il était président du sénat, il a fait plusieurs discours très hostiles envers les opposants au gouvernement. Donc, son élection semble consolider la force dominante de la ligne dure depuis les élections de 2020. Suite à la nomination il y a six mois du premier ministre Alain Guillaume Bunyoni et du ministre en charge de la sécurité Gervais Ndirakobuca, deux personnalités impliquées dans la violente répression depuis 2015, la nouvelle de l’élection de Réverien Ndikuriyo ne présage rien de bon pour le respect des droits humains au Burundi », a réagi dans une interview accordée à SOS Médias Burundi Carina Tertsakian de l’initiative pour les droits humains au Burundi.
L’homme qui va diriger le CNDD-FDD durant les sept prochaines années a répondu à ceux qui ont les mêmes doutes que Tertsakian. « On vous dira que Ndikuriyo est un assassin qui appelle aux meurtres. Mais ils ne me connaissent pas. Ce sont ceux-là même qui disent que les Imbonerakure sont mauvais. Quand l’ennemi veut te détruire, il vise là où se trouve ta force. Les Imbonerakure constituent la force de développement du pays.
C’est pourquoi ils cherchent toujours à les déstabiliser. Ne soyez pas découragés mais répondons leur par nos actions », s’est-il défendu.
Tertsakian se demande quant à elle comment le président Ndayishimiye pourra tenir sa promesse de « respecter la démocratie et faire du Burundi un État de droit », tant que « des personnages de ce genre détiennent les postes les plus influents du pays ».
Le nouveau patron du CNDD-FDD est originaire de la commune de Kayogoro en province de Makamba (Sud du Burundi).
Il a rejoint la rébellion Hutu en 1995 après avoir quitté l’Université nationale.
Après le maquis, il a dirigé sa province natale entre 2004 et 2007. De 2007 à 2010 il était député avant de rejoindre le sénat qu’il a dirigé de 2015 à 2020. Il est né en 1970.
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Photo : Réverien Ndikuriyo dans le congrès extraordinaire du CNDD-FDD qui l’a expulsé au poste de secrétaire général du parti présidentiel, le 24 janvier 2020 à Gitega
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