Bujumbura : une attaque à la grenade fait deux morts au domicile d’un haut gradé

Bujumbura : une attaque à la grenade fait deux morts au domicile d’un haut gradé

L’attaque a visé hier soir le domicile d’un colonel de l’armée burundaise. Elle a coûté la vie à sa femme et sa domestique. Un journaliste qui enquêtait sur l’attaque a été violenté. (SOS Médias Burundi)

Les deux victimes ne sont pas mortes sur le champ. Elles ont succombé après avoir été évacuées à une structure sanitaire dans la ville commerciale de Bujumbura.

L’explosion de grenade qui a emporté leur vie a visé le domicile du colonel Aaron Ndayishimiye. Ce dernier commande le 212 ème bataillon installé dans la réserve naturelle de Rukoko (province de Bubanza, ouest du Burundi). « Nous avons entendu une détonation suivie des cris de détresse. Quand nous sommes allés vérifier, nous avons réalisé que c’est une grenade lancée chez le colonel Aaron. Sa femme et sa domestique ont été grièvement blessées », a raconté dans la fraîcheur des faits un témoin oculaire.

Les deux blessées ont été évacuées vers une structure de soins de la ville. Elles sont mortes quelques heures plus tard. Les auteurs de l’attaque n’ont pas été identifiés, selon nos sources.

Le colonel dont le domicile a été visé est souvent cité dans des abus contre des opposants ou supposés opposants. Le cas pour lequel il est beaucoup connu est l’enlèvement d’un représentant du parti d’opposition CNL en commune de Mutimbuzi (province de Bujumbura ouest). Des témoins ont révélé que l’opposant qui n’a jamais réapparu depuis sa disparition mi-juillet dernier avait été arrêté par l’officier et emmené dans son véhicule de service.

Un journaliste violenté

Aimé Richard Niyonkuru de la radio privée Bonesha FM enquêtait sur l’explosion. Il a été arrêté, agressé et détenu. « Ça faisait trop peur. Quand je l’ai vu dans un premier temps assis par terre au milieu de plusieurs militaires et policiers lourdement armés et de jeunes Imbonerakure, j’ai cru que c’est un suspect interpellé. Mais je me suis approché et ai reconnu ce journaliste », a confié à SOS Médias Burundi un témoin.

Depuis le coup d’État raté de mai 2015 suivi de la destruction de certains médias indépendants, il est très difficile pour des journalistes locaux de se rendre sur le terrain et faire leur travail de façon indépendante.
Dans les villes comme en campagne, ils sont souvent brièvement retenus par des militaires et policiers ou encore des jeunes du parti présidentiel Imbonerakure et obligés de supprimer le contenu de leur reportage.

Cette situation a créé une autocensure chez la plupart de médias qui préfèrent ne pas traiter des sujets concernant l’insécurité ou impliquant des officiels.

Dernièrement, dans un groupe de journalistes et communiquants créé par le porte parole du ministère en charge de la sécurité, un responsable du journal en ligne Ikiriho (proche du pouvoir) affirmait par exemple qu’un journaliste « patriote » ne peut pas rapporter des explosions de grenades sans que la police le lui ait dit.
C’était lundi soir quand des attentats à la grenade ont visé un parking de bus et des vendeurs de poissons dans la capitale économique Bujumbura, faisant deux morts et 102 blessés, selon le premier ministre Alain Guillaume Bunyoni.

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Photo : Aimé Richard Niyonkuru, journaliste associé à Bonesha FM

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