RSF et CPJ dénoncent un environnement hostile aux journalistes au Burundi

RSF et CPJ dénoncent un environnement hostile aux journalistes au Burundi

Reporters Sans Frontières et Committee to Protect Journalists, organisations de défense des droits de journalistes estiment que la BBC a décidé de fermer son bureau au Burundi du fait que le gouvernement s’est montré « hostile aux journalistes ». (SOS Médias Burundi)

Arnaud Forger, responsable du bureau Afrique de RSF dit que le verrouillage médiatique est extrêmement inquiétant et préoccupant au Burundi.

« La fermeture du bureau de la BBC à Bujumbura conjuguée à la nomination d’un chef d’une milice qui est quand même accusée d’avoir commis avec son mouvement les pires exactions à la tête de la RTNB (Radio Télévision Nationale) confirme un verrouillage du paysage médiatique extrêmement préoccupant à un an d’une élection présidentielle très importante pour le Burundi », dit Arnaud Forger.

Il estime que « ça traduit un appauvrissement du paysage médiatique et que ça signe l’arrêt d’un débat public contradictoire et la promesse d’élections crédibles puisqu’aucune voix dissidente, aucune voix critique, aucune voix indépendante ne sera autorisée à s’exprimer au cours de ce processus électoral ».

Muthoki Mumo, représentante de CPJ en Afrique Subsaharienne partage les mêmes inquiétudes. « On a enquêté avec une grande préoccupation l’usage de la force du gouvernement, les suspensions des programmes, les arrestations et les attaques pour violer systématiquement la liberté de la presse au pays », confie-t-elle.
Elle trouve qu’avec les élections prochaines de 2020, c’est maintenant que les Burundais ont plus besoin d’accès aux informations indépendantes et crédibles.

La CPJ recommande par ailleurs au gouvernement de Pierre Nkurunziza de « mettre un terme au musellement de la presse ».
Le responsable du bureau Afrique de RSF analyse également qu’il y a un plan de mettre fin à toute forme de journalisme indépendant au Burundi.

Un membre de la commission électorale avait déclaré en mai dernier, il s’agit de Jean Anastase Hicuburundi, qu’il fallait bloquer la voie aux médias qui ne veulent pas suivre la voie empruntée par le gouvernement burundais et que le peule doit se dissocier avec les médias qui ne soutiennent pas la voie du gouvernement

A. Forger

Selon M. Froger ce plan est en train d’être mis en œuvre.

« Ça a commencé l’année dernière en marge du référendum constitutionnel, la BBC disparaît du paysage médiatique, VOA est toujours suspendue sine die, RFI a reçu un avertissement et dans son rapport annuel, l’organe de régulation des médias burundais a pointé également Iwacu comme un média qui ne respecte pas l’équilibre de l’information ».

« Donc, toute forme de journalisme indépendant est menacée au Burundi, c’est la survie du journalisme indépendant qui est en jeu », conclut M. Froger.

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