Cibitoke: surnombre dans le cachot provincial de la police
Ils sont 159 individus à être détenus dans le cachot du commissariat provincial de la police à Cibitoke (nord-ouest du Burundi). Parmi eux quatre mineurs. Certains détenus attendent d’être transférés dans des prisons au moment où d’autres n’ont jamais été présentés à un OPJ (officier de police judiciaire). Des défenseurs locaux des droits de l’homme dénoncent des conditions de détention « inhumaines » dans un cachot qui a la capacité d’accueil de 50 personnes. Le procureur de province explique qu’il ne dispose pas de moyens nécessaires pour les transferts. (SOS Médias Burundi)
Les 159 détenus proviennent de différentes communes de la province de Cibitoke.
Selon nos sources, certains sont détenus sans qu’aucun dossier n’ait été ouvert et ont déjà dépassé les délais de détention (deux semaines selon le code pénal burundais).
« Ils sont arrivés au commissariat de province en provenance des commissariats communaux. Très peu ont des dossiers clôturés et attendent d’être transférés à la prison pour purger la peine. Pour les autres, les dossiers sont en cours de traitement au moment où il y a d’autres pour qui aucun dossier n’a été ouvert. Pour ces derniers, on a manqué de pièces tangibles pour constituer leur dossier. Mais des fois c’est compliqué de les libérer car, on reçoit les ordres de les maintenir en détention », a expliqué à SOS Médias Burundi, une source policière qui a requis l’anonymat (parce qu’elle n’est pas autorisée à parler aux médias).
Des sources concordantes disent que quelques prévenus viennent de passer deux mois à ce cachot.
Des conditions de détention précaires
Selon des défenseurs locaux des droits de l’homme, les conditions dans lesquelles les 159 individus sont détenues sont « inhumaines ».
« D’abord, le cachot n’a qu’une capacité d’accueil de 50 personnes. Vous comprendrez qu’il y a un surpeuplement dans un endroit trop étroit. En plus, il y a des mineurs qui partagent la même salle avec les adultes.
Ces enfants y sont depuis plus d’un mois. Ça n’a pas de sens », a réagi un activiste local.
Notre reporter s’est déplacé pour faire le constat.
« Les détenus parlent à des gens qui viennent leur rendre visite à travers la fenêtre. Toutefois, ils doivent d’abord avoir l’autorisation d’un policier de garde. Une maman qui venait de parler à son fils m’a dit qu’elle a dû payer 1000 francs burundais à un policier de garde. Sinon, elle devrait retourner sans voir son enfant », a-t-il remarqué.
Des informations fournies par un détenu disent qu’ils ont des difficultés de trouver où dormir.
« Pendant la nuit, les uns restent debout pour libérer une petite place aux autres qui dorment. Après quelques heures, ceux qui dormaient doivent à leur tour se réveiller et se tenir debout, c’est à tour de rôle que l’on dort », a-t-il misérablement raconté à notre rédaction.
Les locataires du cachot provincial de la police à Cibitoke éprouvent également des difficultés pour se faire soigner.
L’autorité judiciaire à Cibitoke quant à elle explique le surnombre par un manque de moyens pour transférer vers la prison les détenus dont les dossiers ont été clôturés.
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