Médias : Bonesha FM émet de nouveau

Médias : Bonesha FM émet de nouveau

Après exactement 2115 jours, la radio privée Bonesha FM émet de nouveau depuis ce vendredi. Dans un premier temps, elle arrosera seulement la capitale économique Bujumbura, ses équipements ayant été détruits. (SOS Médias Burundi)

La joie se lisait ce matin dans le visage des employés de Bonesha FM qui s’étaient déplacés à son siège fermé depuis le 14 mai 2015. Ce matin-là, des hommes en uniforme de la police et l’armée burundaise ont envahi la radio qui émettait en direct avant de la détruire.

La dernière voix au micro aura été celle de Boaz Ntaconayigize. « Je suis content plus que les autres. Du fond de mon cœur, je remercie le président Évariste Ndayishimiye qui a tout fait pour que Bonesha FM puisse rouvrir. Que Dieu lui accorde la sagesse comme celle de Salomon (roi d’Israël baptisé le sage) », a-t-il manifesté sa joie.

Léon Masengo, directeur de la radio, lui parle de « grand jour et grande joie ». « Vous avez vu des larmes, ce sont des larmes de joie, nous avions la nostalgie de retourner dans cette salle de rédaction que vous voyez. Voilà, nous sommes très très contents (…) », a dit à des reporters de la presse locale celui qui ne cesse de remercier le chef de l’État pour avoir ordonné au conseil national de la communication (CNC) de lever les sanctions qui pesaient sur Bonesha FM.

De gauche à droite Léon Masengo, directeur de Bonesha FM, Nestor Bankumukunzi, président du CNC et Déo Bizindavyi, représentant légal de l’Association Radio Sans Frontières qui a créé la radio Bonesha FM

Dans un premier temps, la radio Bonesha FM devra émettre dans la capitale économique Bujumbura seulement.

Elle a besoin au moins d’un montant estimé à soixante mille dollars américains pour pouvoir fonctionner comme avant. « Nous devons renouveler et le personnel et les équipements aussi », a insisté M. Masengo qui rassure que sa radio gardera la même « saveur ». « Nous allons continuer de travailler comme nous le faisions avant et allons même améliorer compte tenu du contexte. Nous allons toujours travailler pour la réconciliation, pour la cohésion sociale, pour l’intérêt du Burundi et de tous les Burundais », a répondu Léon Masengo à un reporter qui voulait savoir si les auditeurs peuvent s’attendre à la même qualité des programmes qu’avant la fermeture de la radio.

Deux médias détruis en même temps que Bonesha FM émettent toujours depuis l’exil. Il s’agit de la radio publique africaine RPA et la radio télévision Renaissance. Leurs responsables ont dernièrement sorti un communiqué en collaboration avec l’Union Burundaise des Journalistes où ils estiment que « la liberté de la presse ne pourrait être rétablie dans la situation actuelle où les autres libertés et droits n’existent pas au Burundi ».

Deux autres radios internationales restent sous sanctions au Burundi depuis 2018 même si les autorités ont déclenché un dialogue avec leurs responsables afin de trouver une solution. Ce sont la BBC et la VOA (Voix de l’Amérique).

Depuis 2015, le Burundi a reculé de 15 places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF (Reporters Sans Frontières). Le pays occupe aujourd’hui la 160ème position sur 180.

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Photo : au milieu Léon Masengo, directeur de Bonesha FM avec une partie des employés dans la salle de rédaction, le 26 février 2021

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