Burundi : la cour d’appel de Muha maintient une peine pour deux Imbonerakure accusés de meurtre
Dieudonné Nsengiyumva, ancien responsable de la ligue des jeunes du CNDD-FDD dans la commune de Nyabihanga, en province de Mwaro (centre du Burundi) et Boris Bukeyeneza, un ancien membre influent de la même ligue dans la même commune ont été condamnés le mois dernier à 15 ans d’emprisonnement par la cour d’appel de Muha (sud de la capitale économique Bujumbura). Ils ont été reconnus coupables d’assassinat sur un membre du CNL. La peine ne correspond pas à la gravité et à la brutalité du crime, selon Carina Tertsakian, chercheuse associée à l’IDHB (Initiative des droits humains sur le Burundi). (SOS Médias Burundi)
Le meurtre pour lequel les deux jeunes du CNDD-FDD ont été condamnés remonte à mai 2020, juste avant les élections. L’opposant qui représentait le parti CNL sur la colline de Mbogora (commune de Nyabihanga) avait disparu le 4 mai et son corps a été retrouvé dans la rivière Ruvyironza trois jours plus tard.
Le 14 août 2020, le tribunal de grande instance de Mwaro avait condamné les deux jeunes du CNDD-FDD à 15 ans d’emprisonnement chacun. Le premier juge a aussi obligé aux condamnés de verser un dédommagement collégial de dix millions de francs burundais. Les concernés avaient interjeté appel. La cour de Muha a gardé la même peine et le même montant pour le dédommagement de la famille de la victime.
Le secrétaire communal du CNL à Nyabihanga qui déplore « le manque d’indépendance de la magistrature burundaise » décrie une peine ne correspondant pas à la gravité et à la brutalité du crime. Il partage l’idée avec Carina Tertsakian, chercheuse associée à l’IDHB. « (…), les peines de 15 ans ne correspondent pas à la gravité et à la brutalité de ce crime. Le procureur avait requis (dans un procès en appel mi janvier) l’emprisonnement à perpétuité- ce qui aurait été une peine plus appropriée, à notre avis », dit-elle.
Elle parle de dossier qui établit un précédent important. « C’est l’un des rares cas dans lequel les auteurs d’actes de violences politiques ont été traduits en justice. Donc ce dossier établit un précédent important et montre ce qui peut être accompli », estime-t-elle.
Et de regretter « Ce cas est l’un des six cas d’assassinats politiques que l’Initiative des droits humains sur le Burundi avait documenté en 2020 (…). Malheureusement, personne n’a été poursuivi pour ces autres assassinats malgré les promesses répétées du président de mettre fin à l’impunité ».
Carina Tertsakian demande aux autorités burundaises de « faire en sorte que la justice soit rendue aux familles des victimes dans ces autres cas également et que le dossier de Mwaro ne soit pas une exception ».
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Photo : immeuble abritant les bureaux de la commune Nyabihanga
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