Burundi : le bureau de l’envoyé spécial de l’ONU a fermé

Burundi : le bureau de l’envoyé spécial de l’ONU a fermé

Par contrainte, le bureau de l’envoyé spécial des Nations Unies a été fermé définitivement lundi 31 mai. Gitega estime que la raison d’être de cette mission onusienne n’est plus. selon lui, il était chargé d’accompagner le processus de paix depuis la crise politique de 2015. Cependant, la société civile estime que le rôle des Nations Unies demeure plus que nécessaire. (SOS Médias Burundi)

Le drapeau des Nations Unies a été descendu et remis, avec d’autres insignes, à Huang Xia, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands- Lacs.

Le président burundais se réjouit de cette fermeture du bureau de l’envoyé spécial qui avait été créé en 2016. “Nous saluons cette étape et nous en remercions l’ONU. Ils ont compris que nous ne sommes plus des enfants à tenir par la main. Nous allons démontrer à la communauté internationale que nous pouvons garantir un avenir meilleur au peuple burundais sans exception”, a écrit en langue locale (le Kirundi) le président Évariste Ndayishimiye sur son compte Twitter.

Pour Gitega qui a exigé ce départ, la mission onusienne n’avait plus de travail à faire au Burundi. “L’envoyé spécial des Nations Unies était venu pour nous accompagner dans un processus de paix, après la crise de 2015. Maintenant que la paix et la stabilité règnent sur tout le territoire national, le pays n’a plus besoin de lui” a souligné Isidore Ntirampeba, secrétaire permanent au ministère burundais ayant en charge les relations extérieures. C’était dans la cérémonie d’adieu à l’envoyé spécial des Nations-Unies dans le petit État de d’Afrique de l’est.

De sa part, l’ONU reconnait aussi des avancées significatives en matière de paix, mais émet des doutes. “Le gouvernement et le peuple burundais ont enregistré des progrès majeurs indéniables dans la consolidation de la paix et la réconciliation nationale depuis 2015. Certes, des défis restent encore, raison pour laquelle le bureau de l’envoyé spécial pour le Burundi tire sa révérence. Mais l’équipe pays reste résolument engagée aux côtés de l’Etat burundais sous la direction du coordinateur résident des Nations Unies”, a précisé l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands-Lacs, Huang Xia, après avoir plié l’insigne des Nations Unies.

Cependant, la société civile burundaise ne l’entend pas de cette oreille. Pour les dix-sept organisations qui ont adressé une correspondance au secrétaire général de l’ONU, “le risque potentiellement élevé de réédition des crimes graves au Burundi demeure » et les Nations Unies doivent garder un oeil vigilant sur le pays. “Pour preuve, le gouvernement du Burundi vient de prendre position contre la résolution des Nations Unies sur la responsabilité de protéger et la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité”, argumente Vital Nshimirimana, délégué général du FORSC, une des organisations signataires.

Elles considèrent une telle attitude comme “un mauvais présage sur le risque imminent de génocide au Burundi, sans possibilité d’intervenir comme cela s’est malheureusement passé au Rwanda en avril 1994”. “Au lieu de prévenir des crimes internationaux à venir, les autorités burundaises s’inscrivent dans les perspectives de s’exonérer de leur responsabilité en cas de génocide et d’autres crimes contre l’humanité comme elles ont tenté de le faire en se retirant du traité de Rome en octobre 2017 pour échapper aux poursuites judiciaires de la CPI qui enquête sur les violences commises au Burundi depuis 2015”, estiment ces organisations de la société civile.

L’ONU quitte pour rester…

Selon l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands-Lacs, l’ONU reste disposée à apporter sa contribution au Burundi pour la consolidation de la paix. “L’ONU gardera un oeil vigilant sur le Burundi et continuera d’apporter ses contributions stratégiques et opérationnelles, à la consolidation de la paix, à la réconciliation et au développement durable”, a insisté le diplomate Onusien.

De plus, a-t-il rappelé, la commission Onusienne d’enquête sur les violations des droits de l’Homme au Burundi continue son travail depuis 2016. Son mandat a été renouvelé en septembre dernier pour la quatrième fois.

En 2019, le bureau des droits de l’homme des Nations Unies avait fermé ses portes au Burundi, après 24 ans de présence. C’était sur demande officielle du gouvernement burundais.

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