Burundi : les autorités continuent de nier les disparitions forcées

Burundi : les autorités continuent de nier les disparitions forcées

Après le président de la République sur la RFI et France 24, le procureur général de la République a indiqué ce mercredi que « des personnes partent pour s’enrôler dans des groupes armés sans en informer leurs familles et celle-ci croient à tort qu’elles ont été enlevées ». L’activiste Pacifique Nininahazwe qui enquête depuis cinq ans sur des cas de disparitions forcées parle de « déni du phénomène de disparitions forcées au Burundi ». (SOS Médias Burundi)

Dans un communiqué de presse, le procureur a annoncé qu’il s’observe depuis un certain temps une situation sécuritaire « troublée » dans certains coins du pays par des personnes qui commettent des actes de violence. Le communiqué affirme que tous ces faits constituent des actes de terrorisme.

Disparitions forcées

Sylvestre Nyandwi parle d’un autre « phénomène criminel » dont il est fait état sur les réseaux sociaux ces derniers jours à savoir celui de personnes kidnappées par des criminels qui se déguisent en forces de sécurité. « (…), des personnes partent pour se faire enrôler dans des groupes armés sans en informer leurs familles et celles-ci croient à tort qu’elles ont été enlevées », indique M. Nyandwi.

Et d’ajouter, « Je voudrais informer l’opinion que des dossiers ont été ouverts par le ministère public pour les cas qui ont été portés à sa connaissance. Il encourage les parentés des victimes à porter plainte en cas d’enlèvement « au lieu de se confier au réseaux sociaux dont certains n’ont que l’objectif de ternir l’image de notre pays ».

Pacifique Nininahazwe, président du Focode (Forum pour la conscience et le développement) qui enquête depuis cinq ans sur les disparitions forcées au Burundi via son programme « Ndondeza » parle de « déni ». « Sylvestre Nyandwi est procureur général de la République depuis cinq ans, comme le Focode documente les cas de disparitions forcées au Burundi depuis cinq ans. Et sur cette période de cinq ans, il n’a jamais mené une enquête sur des cas de disparitions forcées, il n’a jamais présenté devant les juges un seul cas. Pour nous, Sylvette Nyandwi n’est pas là pour les familles des disparus, il est plutôt là pour protéger, couvrir les auteurs des disparitions forcées », estime l’activiste en exil qui dit que « nous ne sommes pas surpris par ses propos qui rentrent dans la ligne du déni, dans la négation du phénomène de disparitions forcées au Burundi ».

Le président du Focode qui donne des exemples de personnes enlevées ou sorties des cachots de la police ou encore kidnappées après avoir transité par des cachots clandestins interpelle le procureur Nyandwi. « (…), alors ce qui m’intrigue ici, Sylvestre Nyandwi encore une fois ne montre pas d’enquête qu’il aurait menée sur ces cas. Et si ces gens n’ont pas informé leurs familles, est-ce qu’ils ont informé Sylvestre Nyandwi puisqu’il n’a pas mené d’enquête? Comment a-t-il su où se trouvent les victimes de disparitions forcées ? », poursuit l’activiste.

Dernièrement, dans un entretien exclusif, le président Évariste Ndayishimiye a indiqué à la RFI et à France 24 que les personnes données pour disparues se cachent au Rwanda. « En tout cas à ce que je sache, il n’y a pas de disparitions au Burundi sinon vous me diriez un nom: telle personne est disparue. Ce que je sais aussi c’est qu’il y a des criminels juste après les crimes, ils vont au Rwanda. Et nous n’avons pas le droit d’aller fouiller au Rwanda. Vous savez qu’il y a eu 19 criminels qui ont saccagé une famille, qui ont tué des personnes à Kayanza (province du nord frontalière avec le Rwanda) et après ils ont fui vers le Rwanda. Jusqu’à maintenant ils sont au Rwanda. Les gens disent qu’ils ont disparu mais je sais qu’ils sont quelque part », a répondu le président Neva à une journaliste qui voulait des éclaircissements sur les disparitions d’opposants.

Jean Bigirimana, journaliste-reporter à Iwacu, disparu depuis 5 ans

Quant au président de l’Assemble Nationale Daniel Gélase Ndabirabe, au sujet des personnes disparues, « il s’agit des gens qui ont répondu à des appels de Burundais en exil qui les invitent à quitter le Burundi pour obtenir des visas afin de se rendre en occident ». « Qui faut-il croire entre ces autorités! Ce que les autorités racontent, est-ce que c’est sur base des enquêtes sérieuses? Pour nous, il n’y a qu’une seule ligne pour toutes ces autorités, c’est le déni, la négation du phénomène de disparitions forcées parce qu’elles savent que c’est un crime extrêmement grave mais aussi parce qu’elles savent que la continuation de ce crime contredit les messages qui sont envoyés à la communauté internationale qu’il y aurait une amélioration de la situation des droits de l’homme au Burundi alors que le régime continue les mêmes crimes de violation graves de droits humains comme le régime précédent de Pierre Nkurunziza », observe M. Nininahazwe.

Depuis la crise déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Nkurunziza en 2015, la commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi a documenté au moins deux mille cas de disparitions forcées et à peu près trois mille morts.
Cette commission décriée par Gitega et qui est à son quatrième mandat est à la base de la fermeture de l’Office des droits de l’homme des Nations-Unies dans la petite nation de l’Afrique de l’est dont les autorités ont refusé l’accès à son territoire aux enquêteurs les qualifiant de « collaborateurs des ennemis du pays et outils des colons qui ont l’objectif de ternir l’image du Burundi afin d’arriver à un changement de régime ».

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Photocollage : imbroglio total sur les cas de disparitions forcées entre : Daniel Gélase Ndabirabe président de l’Assemblée Nationale, Évariste Ndayishimiye Président de la République du Burundi et Sylvestre Nyandwi procureur de la République .

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