Kirundo : des rapatriés dans le viseur des autorités
Au moins 8 rapatriés généralement de l’ethnie Tutsi sont détenus dans les cachots du parquet de de Kirundo (nord du Burundi) depuis mercredi dernier. Ils ont été appréhendés lors d’une opération conjointement menée par la police, les renseignements et des jeunes Imbonerakure dans le site de déplacés de Rutabo et Rusarasi. C’est en commune de Busoni. Il leur est reproché de détention illégale d’armes ou de collaboration avec des rebelles. Les intéressés rejettent les allégations et parlent de « fausses accusations qui visent des Tutsis ». Deux autres rapatriés qui étaient visés sont retournés en exil au Rwanda. (SOS Médias Burundi)
Sur les huit individus en détention, six sont rentrés du camp de Mahama au Rwanda. L’opération au cours de laquelle ils ont été interpellés s’est déroulée mercredi dernier. « La police et les renseignements se sont fait appuyés des jeunes du parti CNDD-FDD pour mener une fouille dans le site de déplacés de 1993 de Rutabo situé en zone de Murore. Ils disaient qu’ils cherchaient des armes », racontent des témoins.
Lors de la fouille, la police a affirmé avoir découvert une AK-47 dans le ménage d’Innocent Ngabonziza récemment rentré du Rwanda. Ce dernier a toutefois rejeté les accusations. Il a expliqué que le fusil y a été emmené et déposé par des policiers au même moment où ils fouillaient sa maison.
M. Ngabonziza et cinq autres personnes ont été arrêtés. Il leur est reproché de détention illégale d’armes ou de collaboration avec des rebelles burundais et de fournir des renseignements au Rwanda.
Non loin du bureau communal dans le site de Rusarasi, la police y a interpellé deux hommes dont un enseignant à une école fondamentale de la localité.
Une situation à l’origine d’un deuxième exil
Selon des sources locales, des rapatriés venus surtout du Rwanda ont peur. Certains d’entre eux ont déjà fui de nouveau. « Par exemple, deux rapatriés qui avaient reçu des informations faisant état du plan de leur arrestation ont fui de nouveau vers le Rwanda. Les arrestations ciblant surtout les Tutsi venus du camp de Mahama ne présagent rien de bon. Les Tutsis sont menacés à cause de fausses allégations », regrettent des habitants.
Les familles des personnes interpellées demandent aux autorités de les protéger contre ce qu’elles qualifient de « discrimination à base ethnique ».
Le président Évariste Ndayishimiye et le ministre en charge de la sécurité et des affaires intérieures ne cessent d’appeler les habitants des zones accueillant des rapatriés et les autorités à la base d’éviter toute action pouvant discriminer les rapatriés, ce qui n’est pas le cas dans plusieurs provinces.
Des rapatriés qui ont choisi de retourner dans les camps en Tanzanie ont confié à SOS Médias Burundi être soupçonnés de collaborer avec les ennemis du Burundi et d’avoir beaucoup de moyens financiers octroyés par le HCR (Haut Commissariat pour les réfugiés) ce qui, selon eux peut dans certaines situations conduire à l’élimination physique.
Les rapatriés qui ont récemment regagné les trois camps principaux en Tanzanie et qui ont parlé à nos reporters proviennent des provinces du sud-ouest et de l’est du pays.
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Photo : immeuble abritant les bureaux de la province de Kirundo
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