Burundi : le salaire de janvier de plus de 1400 enseignants gelé

Burundi : le salaire de janvier de plus de 1400 enseignants gelé

De nombreux enseignants affirment avec indignation avoir appris que leur salaire du mois de janvier 2024 n’a pas été versé sur leur compte. Ils sont au total 1406 à n’avoir pas été payés.Le ministre en charge de l’enseignement soupçonne qu’ils font partie des fonctionnaires fictifs. Certains disent que c’est la deuxième fois qu’ils ne sont pas payés. (SOS Médias Burundi)

Après le recensement de tout le personnel enseignant au mois de juin, certains avaient passé deux mois sans être payés avant que leur situation ne soit régularisée depuis le mois de septembre 2023.

Toutefois, certains de ces enseignants se sont retrouvés sur une liste de 1406 agents du ministère de l’Education nationale et de la recherche scientifique la semaine dernière. Cette liste a été envoyée à toutes les directions provinciales de l’enseignement.

Les responsables scolaires dans les provinces ne cessent de relayer cette liste avec des messages envoyés aux directeurs communaux, aux responsables scolaires, afin que ces derniers élaborent de nouvelles listes des enseignants qui n’ont pas reçu leur salaire du mois de janvier 2024.

Un canevas de recensement de ces enseignants a été également envoyé dans les différentes directions des écoles pour faciliter cette identification.

Sur ce canevas, les enseignants concernés doivent mentionner leurs noms et prénoms, leurs numéros matricules, leurs dates d’engagement et l’école d’affectation, les directions communales et directions provinciales dans lesquelles chaque enseignant est affecté.

Les directeurs des écoles fondamentale et post-fondamentale ont envoyé les listes au bureau du premier ministre ce jeudi.

La semaine prochaine, une commission de la Primature va sillonner tout le pays pour vérifier si réellement ces enseignants existent physiquement. Le ministre burundais en charge de l’enseignement François Havyarimana a expliqué jeudi que les éducateurs concernés sont soupçonnés de faire partie des fonctionnaires fictifs.

« […] Il y a eu un recensement de tous les salariés du ministère dans le but de voir s’il n’y a pas des employés fictifs pour que l’on ne continue pas de payer des employés qui ne travaillent pas réellement. Nous nous sommes rendus compte qu’il existe quelques 1503 employés qui seraient fictifs », a-t-il déclaré depuis Bujumbura, la ville commerciale en marge d’une séance de présentation des réalisations du récent trimestre de son ministère.

« Il y a une commission qui a fait ce recensement. Elle va se rendre dans les différentes provinces pour constater si réellement ces 1503 employés prestent ou pas afin que nous remplacions les fictifs », a ajouté le ministre Havyarimana.

Il faut préciser que , selon les informations reccueillies auprès de certains responsables scolaires, les 1406 enseignants, présumés être fictifs, sont rémunérés alors qu’ils ne sont plus au service.

Selon certains enseignants contactés, sur cette liste se trouvent en effet des enseignants décédés mais dont les salaires continuaient de sortir sans en connaître la destination.

Les enseignants dont les salaires ont été gelés alors qu’ils sont au service demandent que la vérification soit faite minutieusement afin que leurs salaires soient libérés à la fin du mois de février 2024.

Certains d’entre eux disent qu’ils avaient contracté des crédits et se plaignent que les banques et les microfinances sont en train de calculer des intérêts de retard à cause du blocage de leurs salaires par la Fonction publique.

Depuis la mise en œuvre de la politique nationale d’harmonisation des salaires des fonctionnaires de l’Etat au mois de juillet 2023, le gouvernement n’a cessé de parler « de l’existence d’un personnel fantôme payé ». Ainsi, des milliards de francs burundais auraient été détournés via le paiement des fonctionnaires fictifs, mais aucune liste définitive et encore moins un montant précis détourné n’ont été rendus publics jusqu’à présent.

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Photo d’illustration : un enseignant dans une classe au Burundi, crédit Photo : Jean Pierre Aimé Harerimana

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