Nduta (Tanzanie) : les réfugiés burundais  de nouveau forcés pour rentrer

Nduta (Tanzanie) : les réfugiés burundais de nouveau forcés pour rentrer

Cette semaine, le commissaire chargé des réfugiés au ministère de l’intérieur tanzanien a insisté pour que les réfugiés burundais quittent le pays. Il les a même mis en garde en évoquant le sort infligé à leurs compatriotes du camp de Mtabila  en 2012. Les réfugiés avaient été alors embarqués de force dans des camions.

Le commissaire Sudi Mwakibasi a effectué le tour des camps avec un même message à la clé, inviter les burundais à rentrer volontairement chez eux.

« Vous devez rentrer chez vous, le moment est idéal. Il y a la paix chez vous, mais on ne sait jamais, les choses peuvent changer dans les mois à venir. Profitez donc de cette accalmie pour regagner vos collines d’origine », a-t-il  lancé ce lundi au camp de Nduta abritant 73 000 Burundais.

Curieux, les burundais lui ont demandé d’où il tirait ces déclarations.

Je viens de faire le tour du Burundi. Je suis passé par les provinces de Cankuzo, Muyinga, Ngozi, Kayanza et Bujumbura. Je n’ai rien vu ou senti d’anormal ou qui faisait penser à un climat insécurité 

Réponse du haut fonctionnaire tanzanien

Toutefois, ces propos sont loin d’avoir convaincu les intéressés. « Vaut mieux attendre dans la misère le retour au bercail que de rentrer dans ce pays où l’insécurité peut surgir d’un moment à l’autre, le commissaire lui-même a dit que le  paix constatée pouvait être perturbée dans les mois à venir. Alors pourquoi nous forcer à rentrer dans ces conditions ? », ont-ils fait remarquer.

La Tanzanie menace toujours d’user de la force

Le représentant tanzanien n’a pas manqué de rappeler que son pays pourrait faire usage de la force. « Rappelez-vous de ce qui est arrivé à vos compatriotes en 2012 à Mtabila. Certains y ont laissé la vie ; ils n’ont rien emporté avec eux, leurs cabanes avaient été brûlées. Vous avez encore de la chance. Ne nous forcez pas à refaire ce que nous ne voulons pas », a-t-il martelé.

Les réfugiés ont rétorqué que les temps changent, tout en espérant que la force ne sera pas utilisée.

L’épisode Mtabila

Lorsque les Burundais du camp de Mtabila ont été chassés, plusieurs organisations internationales et l’Union Africaine avaient protesté en dénonçant « une violation flagrante des droits humains ».

Depuis la fin octobre, les enregistrements de retours volontaires vont decrescendo. D’après les nombreux témoignages recueillis par SOS Médias Burundi, la plupart des réfugiés disent craindre pour leur sécurité à l’approche des élections burundaises de 2020.

Selon le ministre tanzanien de l’intérieur, Kangi Lugola qui s’exprimait en août dernier sur la VOA, plus de 200 000 burundais ont trouvé refuge dans son pays.

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