La fête de l’Unité Nationale ne fait pas l’unanimité à Bujumbura

La fête de l’Unité Nationale ne fait pas l’unanimité à Bujumbura

Le Burundi a célébré aujourd’hui la fête de l’Unité Nationale comme il le fait chaque 5 février de chaque année.
Toutefois, certains Burundais ne conçoivent plus de la même manière cette fête: les uns disent que l’unité existe tandis-que d’autres trouvent que le peuple burundais est divisé et que la fête n’a plus raison d’être. (SOS Médias Burundi)

SOS Médias Burundi a tendu le micro à certains habitants de la capitale économique du Burundi ce mercredi où on célébrait la fête Nationale de l’Unité. Ils sont déçus que de plus en plus s’accroît l’inégalité entre les riches et les pauvres.  » Comment célébrer l’Unité Nationale dans un pays où le fossé entre les riches et les pauvres se creuse de plus en plus. La classe politique au pouvoir s’enrichit à la hâte à travers la corruption et les malversations économiques au détriment d’une population burundaise qui croupit dans une misère sans nom. Les dirigeants s’offrent un luxe qu’ils tirent du trésor public alors que nous souffrons », a dit en colère un habitant rencontré dans une buvette au centre ville en donnant un exemple de « la somme exorbitante » de fin de mandat qu’on a allouée au président de la République qui vient de passer 15 ans au pouvoir.

Un autre individu rencontré non loin du monument de l’Unité Nationale au quartier résidentiel de Kiriri pense que le prochain tour est réservé aux députés et autres dignitaires alors qu’un fonctionnaire a du mal à joindre les deux bouts du mois.  » Ils ne pouvaient pas voter un tel budget d’un président sortant sans s’attendre à quelque chose eux aussi. Ils font tout cela sans penser à la masse paysanne. Ils nous enfoncent d’avantage dans la pauvreté, ils chantent que tout va bien, alors que nous croupissons dans la misère », a regretté Ménard, un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur faisant référence à un milliard de francs burundais que le parlement a dernièrement accordé au chef de l’État sortant en plus d’autres avantages dont la construction d’un palais dans une localité de son choix.

Certains membres des partis politiques quant à eux trouvent qu’on ne peut pas parler d’Unité Nationale dans un pays où l’intolérance politique fait la une. « Comment peut-on parler de l’unité dans un pays où règne l’intolérance politique. Les membres des partis d’opposition sont persécutés, torturés, kidnappés, tués, menacés, emprisonnés. Ici les médias ont été réduits au silence, on vit l’injustice, la dictature est le mot d’ordre. La fête ne devrait pas être célébrée, c’est un non-événement », ont dit André et ses amis rencontré à Nyakabiga , dans la commune de Mukaza (centre de la ville de Bujumbura).

Néanmoins ceux qui sont toujours attachés à cette fête demandent quelques ajustements dans sa célébration. « J’ai participé au vote de l’Unité Nationale et je me rappelle de la date comme si c’était hier. Le pays venait de traverser une crise et c’est grâce à cette fête que les premières élections démocratiques se sont déroulées. Malheureusement sa célébration aujourd’hui ne fait pas l’unanimité parce que nos dirigeants ne donnent pas assez de temps pour la consolider », a regretté Salvator qui travaille à la banque centrale.

Dans le discours à la nation hier, le président Pierre Nkurunziza avait dressé un bilan largement positif dans la consolidation de l’Unité Nationale depuis sa prise de fonction en 2005 et jeté le tort aux étrangers pour certains dysfonctionnements qui se sont manifestés.

La fête de l’Unité Nationale est célébrée depuis 1991. Elle a été initiée par l’ancien président Pierre Buyoya actuel représentant de l’Union Africaine au Mali et au Sahel après les événements de 1988 dans les communes de Ntega et Marangara (provinces de Kirundo et Ngozi, nord du Burundi)qui, selon l’ONU ont fait plus de trente mille morts.

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