Des habitants contraints de contribuer pour la célébration de la candidature du secrétaire général du CNDD-FDD à Gitega

Des habitants contraints de contribuer pour la célébration de la candidature du secrétaire général du CNDD-FDD à Gitega

Des Imbonerakure ont sillonnés toute la ville de Gitega (centre du Burundi) hier, parcourant tous les magasins et boutiques à la collecte des contributions forcées. Des commerçants affirment avoir donné l’argent contre leur gré, pour sauver leur peau et leur commerce.  Ce vendredi, toutes les activités ont été paralysées dans la ville de Gitega suite à une marche de démonstration en vue de célébrer la candidature du général Évariste Ndayishimiye, natif de la province. (SOS médias Burundi)

Selon des témoins, des Imbonerakure expliquaient que toute personne exerçant du commerce, petit ou grand, sans distinction d’appartenance politique devrait contribuer. «Ils nous disaient que nous devons impérativement donner de l’argent pour célébrer le choix d’Évariste Ndayishimiye comme candidat à la présidentielle de 2020. Ils étaient tellement actifs et enragés qu’on ne pouvait leur refuser quoi que ce soit. Et puis ils vérifiaient sur place le montant donné », disent-ils.

Des  commerçants affirment avoir, en plus de contribuer par force été obligés de fermer leurs boutiques et magasins.

«J’ai contribué à hauteur de cinquante mille francs burundais. Je l’ai fait par peur de ne pas subir le même sort qu’un collègue à moi qui avait été détenu à la prison centrale de Gitega pour avoir donné deux mille francs burundais en 2016. Certes, je ne suis pas militant du du CNDD-FDD, mais j’étais dans l’obligation de le faire pour protéger mes biens », a confié à SOS médias Burundi, un homme qui tient un commerce dans la ville de Gitega.

Le président du Collectif des Organisations pour le Développement Intégré de la Population (CODIP), proche du parti au pouvoir était parmi les mobilisateurs. À bord d’un véhicule du CNDD-FDD, Déo Habonimana, mégaphone à la main donnait des injonctions à tout le monde de fermer leur commerce pour rejoindre la marche. Des coiffeurs n’ont pas été épargnés. «Quand Déo est arrivé, on nous a tous obligés de fermer. Moi j’ai une femme et trois enfants. La somme que j’avais déjà eue ne permet pas d’acheter la ration d’aujourd’hui. Je suis obligé d’aller contracter une dette  chez un commerçant sinon nous n’allons pas manger suffisamment », a indiqué un coiffeur du quartier de Nyamugari.

Des commerçants dont les produits devraient être livrés en provenance d’autres provinces ont également été perturbés. «Je venais de m’approvisionner en manioc à Gihofi (province de Rutana, sud-est du Burundi), mais je ne peux pas écouler ma marchandise qui risque même de périmer parce que le marché est fermé », disait hier une veuve qui se bat seule pour nourrir ses quatre enfants.

Un autre commerçant originaire de Ruyigi  (est du Burundi) nous a indiqué avoir été obligé de rentrer sans être approvisionné.  «Quand je suis arrivé ici à Gitega, toutes les boutiques et magasins étaient fermés. J’ai attendu dans l’espoir de pouvoir trouver les articles que je cherchais mais voilà qu’il se fait tard. Je dois retourner à Ruyigi et revenir demain. En plus de la perte du temps, je vais dépenser beaucoup pour les tickets. Nous vivons une situation de la jungle ces jours-ci », a témoigné fâché un boutiquier du chef-lieu de la province de Ruyigi.

Déroulement de la marche de soutien

Des manifestants ont glorifié le candidat du parti au pouvoir, Évariste Ndayishimiye dans leurs slogans:  il est l’héritier, il va éclairer tous les Burundais, avec lui , nous allons remporter à 100% les présidentielles, les législatives et les communales,…scandaient  les militants du CNDD-FDD dans les rues de la capitale politique.

Le secrétaire provincial du parti au pouvoir Georges Nshimirimana, dans son discours a prêché l’unité et l’amour tout en demandant à ceux qui avaient pris part à la marche de consolider la paix et la sécurité.

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