L’AFFAIRE – Les « cadeaux » du gouvernement burundais aux groupes rebelles du Sud-Kivu

L’AFFAIRE – Les « cadeaux » du gouvernement burundais aux groupes rebelles du Sud-Kivu

Le sujet est tabou pour Gitega. Et pour cause : l’armée burundaise procède à des incursions en territoire congolais pour aller combattre le groupe rebelle armé Red Tabara. La société civile locale s’en fait l’écho tout comme les experts de l’ONU. La Force de Défense Nationale Burundaise (FDNB) s’appuie sur des groupes locaux armés, notamment deux factions Maï-Maï. Une « collaboration » récompensée. (SOS Médias Burundi)

SOS Médias Burundi s’est rendu dans les territoires d’Uvira et de Fizi à la rencontre de ces mouvements armés.

Deal Gitega – Maï-Maï

Au cours de ces derniers mois, les « Maï-Maï Mutetezi Kibukila » et « Maï-Maï René » ont prêté main forte aux militaires burundais. Le premier groupe s’est lancé dans une chasse aux Red Tabara basés à Masango. Il a reçu en échange une promesse d’armes, de munitions et 2 000 dollars américains, indiquent nos sources. Le second sert d’éclaireur aux militaires burundais.

Ils transitent par le Lac Tanganyika puis empruntent un chemin qui passe par Kingongo et Makobola (Territoire de Fizi). Nous leur servons de guide. En retour, ils nous approvisionnent en armes et munitions. Ce n’est pas tout, les autorités burundaises nous facilitent le transport du coltan produit à Kitalilo et Rurambwe dans le secteur du Tanganyika.

Un combattant Maï-Maï qui a requis l’anonymat.

L’armée burundaise collabore également avec deux autres mouvements rebelles présents dans le Sud-Kivu. Ce sont les Maï-Maï Mbulu et Gumino du colonel Nyamusaraba. Ce dernier est aussi soupçonné de soutenir le RNC (Congrès National Rwandais) du général Kayumba Nyamwasa.

Hébergement et sécurité

En plus des armes et munitions, l’épouse de Nyamusaraba a trouvé refuge à Bujumbura.

Elle vit dans la zone de Kamenge. Elle a même une équipe de policiers chargée de sa sécurité. La maison où elle vit, c’est le gouvernement burundais qui l’a mise à sa disposition. Elle ne paie pas de loyer.

Un rebelle de Gumino.

Selon cette même source, le patron des Maï Maï Gumino est accompagné de militaires burundais pour se rendre à Bujumbura auprès de son épouse.

Quant au chef des Maï-Maï Mbulu, il a aussi reçu en cadeau des autorités burundaises une maison dans la capitale économique.

Aide logistique

D’après des témoignages au sein des différentes factions rebelles du Sud-Kivu, Gitega aurait également autorisé sur son territoire la tenue de réunions consacrées au financement des rébellions en question.

Selon des sources dignes de foi, des rebelles sont aussi soignés au Burundi quand il s’agit de cas très graves.

Incursion

Le 29 avril dernier, des habitants de la plaine de la Rusizi ont décrit la présence d’un grand nombre de FDNB. Certains d’entre-eux étaient lourdement armés. « Ils ont dû rebrousser chemin car toutes les voies menant au groupement de Kigoma où sont actifs les Red Tabara sont contrôlées par les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) », ont expliqué des observateurs locaux.

Toujours en avril, des militaires burundais ont mené des combats contre le groupe Red Tabara à Masango dans le groupement de Bijombo. Après quelques jours, le chef de l’État congolais leur a donné 48 heures pour quitter le sol de son pays, ce qu’ils ont fait.

Dans cette même période, le président rwandais, Paul Kagame a affirmé avoir « des preuves tangibles » sur la présence de militaires burundais dans le Sud- Kivu.

Jamais, les autorités burundaises ne se sont prononcées sur ce sujet qui se révèle de plus en plus explosif.

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Photo : des militaires de la FDNB lors d’une parade en marge de la célébration de l’indépendance du Burundi à Bujumbura.

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