Genève: le Burundi s’en prend aux experts onusiens

Genève: le Burundi s’en prend aux experts onusiens

La 45 ème session du conseil des droits de l’homme se poursuit à Genève. Ce mercredi 23 septembre, la commission d’enquête de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Burundi a présenté son rapport. Il dresse un bilan sombre : des enlèvements, des disparitions forcées, des tueries et emprisonnements arbitraires d’opposants et de défenseurs de droits humains. Rénovat Tabu, représentant permanent du Burundi à l’Office de l’ONU à Genève y voit « un moyen de déstabiliser les institutions de son pays ». Dans les prochains jours, le conseil va se prononcer sur le renouvellement ou non de la commission. (SOS Médias Burundi)

Doudou Diène, président de la commission d’enquête Onusienne sur le Burundi a présenté un rapport sombre.

“Des tueries, des emprisonnements arbitraires, des disparitions forcées, des intimidations et autres formes de violations graves de droits de l’homme ont continué avant, pendant et après les récentes élections. Le peuple burundais attend des changements significatifs et positifs”, a déclaré l’expert onusien.

Étant donné que “l’impunité continue de régner”, il est “nécessaire que la communauté internationale continue de suivre avec la plus grande attention les développements relatifs aux droits de l’homme au Burundi”, estiment les trois commissaires.

Pour le Burundi, la commission Diène est « un outil des ennemis du Burundi ». L’Ambassadeur Rénovat Tabu représentant permanent du Burundi auprès de l’ONU à Genève, a rejeté en bloc cet obscur tableau décrit par l’équipe de Doudou Diène.

“Il s’agit d’un rapport musclé, diffamatoire et insultant”, a-t-il martelé.

Au regard de ce qui se passe dans le monde, ajoute-il, “la situation au Burundi n’est pas la plus alarmante pour lui valoir un quelconque mécanisme, n’eut été l’existence d’autres mobiles géopolitiques”.

Pour lui, il est temps de “tourner la page et d’entrer dans la logique d’une nouvelle dynamique de coopération, tant avec le système des Nations Unies qu’avec les différents États épris de paix et de développement durable pour tous”.

Le représentant burundais a en outre fait état des “progrès énormes depuis 2015 dans le renforcement, la promotion et la protection des droits de l’homme à tel point qu’il mérite aujourd’hui d’être retiré de l’agenda du Conseil des droits de l’homme plutôt que d’être exposé au mépris du monde par des rapports répétitifs et politiquement motivés”. Selon l’ambassadeur Tabu, le conseil doit “accepter de surseoir à cette Commission”.

Il s’est aussi exprimé en défaveur de la réouverture de l’Office des droits de l’homme de l’ONU au Burundi fermé depuis mars 2019 dans cette nation de l’Afrique de l’est.

“Une commission d’enquête, un bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, ou une procédure spéciale ne sont pas les seuls canaux de coopération avec les Nations Unies. Le Conseil des droits de l’homme doit dépassionner le débat, reconnaître objectivement que la situation sur le terrain s’est nettement améliorée, et que de grands signes positifs sont à l’actif du gouvernement” a conclu M. Tabu

Le dialogue politique et la justice à privilégier


Les pays comme la France ou encore l’Irlande estiment qu’il est grand temps que le Burundi sorte de la défensive et agisse d’une façon concrète.

“Les violations des droits de l’homme décrites dans ce rapport comme dans les rapports précédents de cette commission sont très préoccupantes. La France rappelle son attachement dans la lutte contre l’impunité et appelle les autorités burundaises à traduire en justice les responsables de ces crimes. Elle encourage aussi les autorités à coopérer avec la Cour Pénale Internationale pour les crimes visés par cette cour commis sur le territoire burundais”, a souligné le représentant permanent de la France à Genève.

Et l’Union Européenne d’exiger la dissolution de la “milice Imbonerakure” et “la libération des prisonniers politiques, des défenseurs des droits humains et des journalistes détenus arbitrairement”.

Après la séance, dans les prochains jours, le Conseil des droits de l’homme doit renouveler ou non le mandat de cette commission sur le Burundi mise en place en 2016.

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