Nduta-Nyarugusu (Tanzanie ) : les réfugiés de plus en plus sensibilisés pour rentrer

Nduta-Nyarugusu (Tanzanie ) : les réfugiés de plus en plus sensibilisés pour rentrer

Depuis plus d’une semaine, les responsables des camps de réfugiés burundais de Nduta et Nyarugusu en Tanzanie en collaboration avec le HCR ont lancé une campagne de les sensibiliser à rentrer. Actuellement, la stratégie de la campagne vise principalement des réfugiés qui ont un âge avancé. À Nyarugusu, l’agence onusienne a affiché une liste de choses à bénéficier dont des sommes d’argent et autres biens constituant le paquet retour une fois les rapatriés arrivés au Burundi. Des réfugiés parlent d’une ruse pour réussir à avoir un grand nombre pour l’enregistrement au rapatriement. (SOS Médias Burundi)

Dans une réunion tenue le 25 mars avec des réfugiés burundais de plus de 55 ans, le président du camp de Nduta leur a conseillé de renter mourir sur leurs collines natales afin d’y être enterrés dignement. « Pourquoi êtes-vous encore ici alors que c’est vous qui devrez rentrer en premier lieu afin d’être enterrés dignement parmi les vôtres. Rentrez chez vous, la paix et la stabilité y règnent. Et d’ailleurs, aidez-nous à convaincre vos enfants et petits fils pour qu’ils répondent massivement au retour volontaire », leur a-t-il recommandé.

Comme pour marquer leur désaccord, certains sont sortis avant même que la réunion ne soit clôturée. “Nous n’entendons pas bien ce qu’il dit, nous avons des problèmes d’ouïe. Voilà pourquoi nous sortons”, ont-ils réagi au message lancé par le conférencier en murmurant.

D’autres disent que la situation au Burundi n’est pas rassurante pour les attirer à rentrer. « Mes deux fils sont en prison depuis 2016. Ils sont poursuivis injustement pour rébellion. Dites-moi où se trouve cette paix chantée par ceux qui essayent de nous chasser. Nous avons échappé à la mort au Burundi, nous mourrons et serons enterrés ici. Pas question de retourner au Burundi, ce serait un suicide », a indiqué un participant à la réunion avant de conseiller plutôt aux autorités burundaises de concentrer les efforts sur “la normalisation des relations diplomatiques, la libération des prisonniers, le désarmement des Imbonerakure et le renforcement de la sécurité ».

Nouvelles pratiques

À Nyarugusu, l’administration se montre de plus en plus déterminée. Depuis le début de cette semaine, tous les petits marchés qui restaient ont été fermés, la vente de la viande, des œufs et du lait interdite. Le transport rémunéré sur vélo et moto a également été suspendu.

Un panneau devant l'école primaire à Nduta
Un panneau devant l’école primaire à Nduta

Comme pour inciter un bon nombre de réfugiés à se faire enregistrer pour le rapatriement, le HCR a affiché la composition du paquet retour. « À l’arrivée dans les centres de transit au Burundi, le HCR donne une somme de 138.500 francs burundais pour chaque mineur et 227.000 francs burundais pour une personne adulte. À cela s’ajoutent des téléphones, des quantités de nourriture, des kits d’hygiène, des couvertures, des moustiquaires,… qui seront distribués et des moyens de transport jusque dans les communes d’origine”, peut-on lire sur l’affiche signée HCR-Tanzanie placée sur les lieux publics.

Toutefois, des réfugiés contactés par notre rédaction persistent et signent. “Nous sommes près à rentrer même sans demander quoi que ce soit comme assistance, mais la seule condition que nous exigeons est le retour de la paix. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », ont rétorqué des Burundais de Nyarugusu.

La Tanzanie compte encore plus de 146.000 réfugiés burundais installés dans trois camps à savoir Nduta, Nyarugusu et Mtendeli.

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Photo : une partie du camp de Nduta

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