Bujumbura (capitale économique) : la démolition des kiosques a rendu difficile la vie de plusieurs familles

Bujumbura (capitale économique) : la démolition des kiosques a rendu difficile la vie de plusieurs familles

Depuis le mois de mars dernier, l’autorité municipale de Bujumbura (capitale économique) a ordonné la démolition de tous les kiosques, stands de commerce ainsi que la suspension de toute autre forme de petit commerce sur les grandes avenues et les rues pavées de toutes les zones sans aucune exception. Les anciens propriétaires des commerces concernés disent mener une vie de misère. Ils demandent la reprise de leurs activités pour continuer d’ assurer la survie de leur famille. (SOS Médias Burundi)

Les familles à faible revenu se disent fortement touchées. Elles avaient opté pour le petit commerce devant les maisons d’habitation ou sur les lieux publics le long de grandes avenues.

Un reporter de SOS Médias Burundi a fait un tour dans différents quartiers pour s’enquérir de la situation. Il indique que dans les quartiers du centre et nord de la ville, plusieurs kiosques, boutiques alimentaires et petits restaurants ont été démolis. Les points de vente de vivres et de charbon ont été interdits. Il ne reste plus que leurs traces.

Impact économique sur la vie des ménages

Dans les quartiers populaires de Kamenge, Kinama, Cibitoke et Mutakura (nord de la ville), des habitants qui vivaient de ce commerce affirment avoir des difficultés financières. « On nous a obligés d’aller occuper des stands dans les grands marchés, mais c’est impossible pour la plupart d’entre nous. Je vendais des amarantes, des poireaux et des aubergines pour un petit capital de 15000 francs burundais. Avec cette somme, il est pratiquement impossible d’aller dans un grand marché. Je pouvait gagner 2000 francs burundais par jour et acheter un demi kilogramme de riz pour nourrir mes petits enfants. Maintenant c’est terrible, on va mourir de faim », a déploré une vieille dame du quartier de Kamenge.

Des commerçantes ambulantes dépouillées de leurs articles par la police dans une rue de Bujumbura
Des commerçantes ambulantes dépouillées de leurs articles par la police dans une rue de Bujumbura

Des habitants de plusieurs quartiers de la ville, qui faisaient leur achat sur place indiquent que la décision de la mairie a compliqué leur vie. Ils sont actuellement obligés de se rendre au marché. « Pour avoir les patates douce, les pommes de terre, le manioc frais, la banane, les légumes, les fruits, le poisson frais ou sec et d’autres vivres pour les besoins fondamentaux, il faut faire un long parcours jusqu’au marché », regrettent-ils.

Des propriétaires de maisons tentent de les morceler en plusieurs chambres sur leurs façades de la voie publique pour servir de boutiques. D’anciens petits commerçants quant à eux tentent de reprendre timidement le travail, mais ils affirment qu’ils doivent d’abord verser des pots de vin à des responsables administratifs locaux. « Certains exigent 20.000 francs burundais, d’autres passent régulièrement demander une bière. C’est une forme de racket. Nous sommes contraints de payer au lieu de laisser mourir nos enfants », s’indignent des concernés.

La situation est la même dans les quartiers de Bwiza, Nyakabiga et de Jabe en commune de Mukaza (centre de Bujumbura).

Un policier arrête un petit garçon vendeur ambulant dans une rue de Bujumbura
Un policier arrête un petit garçon vendeur ambulant dans une rue de Bujumbura

Des familles qui se sont confiées à SOS Médias Burundi affirment que la mesure a été prise au mauvais moment et qu’elle n’a pas pris en compte les conditions de vie des ménages. « Les activités ciblées faisaient vivre des familles à faible revenu. La mesure n’a fait qu’empirer la situation. Il faut que la mairie se ressaisisse », disent-ils.
La décision de la mairie est consécutive à un ordre du ministère ayant les affaires intérieures en charge.
Il indique avoir pris la mesure pour « protéger des commerçants qui payent les taxes contre des marchands qui refusent d’aller occuper des places dans des marchés et qui finissent par baisser les prix et delà faire perdre les vrais contribuables ».

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Photo : des commerçantes ambulantes dépouillées de leurs articles par la police dans une rue de Bujumbura

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