Réfugiés : le haut commissaire du HCR appelle le Burundi à protéger les rapatriés

L’appel a été lancé à la frontière burundo-rwandaise de Gasenyi-Nemba (nord du Burundi) ce mardi par le haut commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés. En visite au Rwanda, il a accompagné une centaine de réfugiés burundais qui rentrent. Dans son discours à la frontière où il a rencontré le ministre de l’intérieur burundais, il a demandé aux autorités burundaises de protéger les rapatriés. Le ministre quant à lui rassure. (SOS Médias Burundi)

À Gasenyi-Nemba, des Burundais qui rentrent affichent une lueur d’espoir. “Je suis très ravi de voir devant moi le drapeau national du Burundi, un pays que j’ai quitté il y a plus de cinq ans. Je suis heureux de pouvoir manger les fruits de ma patrie”, laisse entendre un homme, tenant la main de son enfant et trois autres devant lui, avec un grand bagage sur la tête.

À côté de lui, une femme a des larmes aux yeux. “Ce sont des émotions, voilà devant moi le Burundi! Je croyais que je ne vais plus revenir au pays mais voilà que Dieu vient de faire des miracles. Je vais bien vivre chez moi j’espère », dit-elle.

Il s’agit d’un premier lot d’un millier de Burundais qui doivent être rapatriés cette semaine selon le HCR. Pour ces Burundais qui rentrent, le seul souci est la sécurité une fois sur leurs collines d’origine. “Je me dis que rien ne va m’arriver à entendre les discours du président Évariste Ndayishimiye », indique un d’entre eux. “Mes parents vivent aisément à Kirundo (nord du Burundi) et ce sont eux qui me supplient tous les jours de rentrer, donc je me sens en sécurité”, dira un autre. “Je demande aux autorités burundaises de veiller à notre sécurité pour donner un bon signal aux autres qui restent en exil, nous rentrons avec le seul but de construire notre pays, rien que ça”, insiste un jeune, apparemment musulman de part la tenue vestimentaire.

Le haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés indique comprendre la préoccupation des rapatriés. “Le Burundi a un nouveau régime et nous sommes en bons termes et en dialogue permanent, je vais aussi le rappeler au président de la République dans mon audience. La sécurité des rapatriés est un élément fondamental. Qu’ils soient aussi réintégrés socialement: dans les écoles pour les enfants, dans leurs anciens emplois, qu’ils aient accès à leurs propriétés, etc. En ce qui nous concerne, nous allons fournir notre accompagnent”, a tenu à souligner Filippo Grandi, le Haut commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés.

Cet émissaire est en tournée dans la sous région. Il a accompagné des réfugiés du Rwanda jusqu’au Burundi. Filippo Grandi s’est dit profondément préoccupé par la coupure de la ration des réfugiés jusqu’à 60% au Rwanda. “Je suis moi-même en permanentes consultations avec le PAM (programme alimentaire mondial) et d’autres donateurs. C’est une situation intenable, mais je ne pense pas qu’il puisse y avoir des réfugiés qui prennent la décision de rentrer à cause de la famine même si elle reste un facteur important dans la prise de telles décisions. J’ose espérer que leur souhait est guidé par le souci de sécurité », a-t-il ajouté.

Gitega rassure

“Vous êtes les bienvenus chez vous. Sentez-vous à l’aise et ne craignez rien”, a brièvement indiqué Gervais Ndirakobuca, ministre en charge des affaires intérieures et de la sécurité publique qui avait représenté le gouvernement dans la cérémonie d’accueil des rapatriés et de l’émissaire onusien.

Pour sa part, Kigali tranquillise que les réfugiés qui ne se sont pas encore décidés pour rentrer continueront de bénéficier de la protection sur le sol rwandais. “Et d’ailleurs, nos frontières restent ouvertes pour l’un ou l’autre qui fuit vers nous”, a tenu à préciser Kayumba Olivier, secrétaire permanent au ministère de la gestion des catastrophes, en charge des réfugiés au Rwanda.

Depuis fin août 2020, le Rwanda a déjà rapatrié plus de 23.000 Burundais. Ce voisin nord du Burundi héberge encore plus de 53000 réfugiés burundais. D’après le HCR, plus de 40000 Burundais vont devoir être rapatriés du Rwanda cette année.

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Photo : le ministre Gervais Ndirakobuca s’adresse au haut commissaire du HCR