Nduta (Tanzanie) : des réfugiés reprochent à la Croix-Rouge de vendre leurs médicaments aux pharmacies privées

Nduta (Tanzanie) : des réfugiés reprochent à la Croix-Rouge de vendre leurs médicaments aux pharmacies privées

Depuis près de deux mois, les structures sanitaires du camp de Nduta en Tanzanie accusent un manque criant de médicaments. Et cela en dépit d’un stock mis à la disposition de la Croix-Rouge qui s’occupe du volet santé par MSF mmp (Médecins Sans Frontières). Des réfugiés ont poussé loin et ont reçu des informations faisant écho de la vente des médicaments dans des pharmacies privées du camp. (SOS Médias Burundi)

Une équipe de réfugiés s’est chargée de suivre le mouvement des médicaments depuis les stocks de la Croix-Rouge jusqu’aux différents postes de santé au camp de réfugiés de Nduta. Ils affirment avoir constaté des fuites. “Un travailleur de la Croix Rouge a confirmé les faits. Il est parmi les gens qui acheminent les médicaments du stock général aux postes de santé. Il a affirmé avoir donné des cartons de produits antibiotiques à deux reprises à deux pharmacies privées, une installée à l’intérieur du camp et une autre à l’extérieur du camp”, expliquent ces Burundais.

D’après eux, le travailleur médical ne se rendait pas compte de la gravité de la situation. “Quand nous avons discuté avec cet agent médical, il ne savait pas que c’étaient des médicaments destinés aux réfugiés. Il croyait que la Croix-Rouge a une obligation de distribuer aussi des médicaments à des pharmacies privées », ajoutent-ils.

Autres preuves selon toujours cette équipe de Burundais, “nous avons découvert dans l’une des pharmacies privées des cartons sur lesquels est mentionné MSF, alors que MSF ne s’occupe plus du volet santé, c’est à dire que ces cartons proviennent de la Croix Rouge”. “N’oubliez pas que ces pharmacies sont tenues par des Burundais, ils nous ont révélé le circuit de leur approvisionnement” , renchérissent des réfugiés.

Et pire encore, continuent nos sources, “les médicament peuvent manquer après midi, alors que les stocks étaient pleins juste avant midi”. Et puis, concluent ces réfugiés, « MSF avait laissé à la Croix-Rouge un stock pouvant couvrir au moins trois mois mais voilà qu’il s’est épuisé en moins de deux mois”.

Toutefois, la Croix-Rouge tranquillise. Selon une information interne, elle compte s’approvisionner d’ici peu bien que les points d’approvisionnement en produits pharmaceutiques ne sont pas facilement trouvables. Les Burundais ne sont pas convaincus “Cette explication est un échappatoire. Les agences humanitaires emmènent elles mêmes des produits jusqu’à l’intérieur du camp. La Croix-Rouge n’a pas besoin de se rendre sur le marché des médicaments”, disent-ils.

D’après un volontaire médical à Nduta, les conséquences commencent à se manifester.
Des patients recourent à l’auto-médication. “Au poste de santé, on leur signifie qu’il n’y a pas de médicaments, et on leur oblige d’aller s’en procurer eux mêmes. Et comme ils n’ont pas de moyens, ils vont dans des pharmacies privées mais modestes. Ils s’approvisionnent mais là, on peut même trouver des comprimés conservés dans un stock avec des sacs de haricots. Pire encore, ils peuvent acheter des médicaments non appropriés à leur maladie. Ou encore d’autres Burundais font recours à la médecine traditionnelle”, déplore-t-il.

Les réfugiés en appellent à la responsabilité du HCR pour assurer leur protection médicale. Ils exigent une enquête minutieuse afin d’établir des responsabilités tout en souhaitant que le volet santé soit de nouveau confié à MSF.

La Croix Rouge a remplacé MSF (Médecins Sans Frontières) dans le domaine de la santé depuis début mars de cette année dans ce camp qui héberge plus 63.000 Burundais.

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Photo : camp de Nduta

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