Tanzanie : l’UE et les  USA à l’écoute des réfugiés burundais et congolais

Tanzanie : l’UE et les USA à l’écoute des réfugiés burundais et congolais

Depuis mardi 1er juin, les ambassadeurs des pays de l’Union Européenne, de la Suisse, de l’Angleterre et des États-Unis d’Amérique effectuent une tournée dans les camps de réfugiés burundais et congolais en Tanzanie. Objectif : s’enquérir notamment de la situation des droits de l’homme dans trois camps de réfugiés. Ces derniers espèrent un changement de leurs conditions de vie. (SOS Médias Burundi)

Une délégation de haut niveau s’est rendue lundi dans les camps de réfugiés burundais de Nduta et Mtendeli. Les envoyés de l’Union Européenne, de la Suisse, de l’Angleterre et des États-Unis d’Amérique ont rencontré des leaders communautaires à savoir les présidents des camps, les chefs de zones, et villages, les représentants des jeunes et des femmes. “Nous voulons nous rendre compte de la situation qui prévaut dans les camps. Nous recevons plusieurs rapports, mais nous voulons les vérifier nous mêmes. Parlez-nous des exactions que vous estimez être commises à votre encontre”, ont-ils signifié dans une séance à huis-clos, d’après des participants.

Les camps de Nduta et de Mdendeli (dans la région de Kigoma) hébergent uniquement des Burundais. ils comptent à eux seuls plus de 83 mille réfugiés.

Des réfugiés qui ont participé à la réunion se réjouissent d’avoir évoqué leur situation en matière des droits humains qu’ils jugent « dramatique ». “Nous avons parlé d’insécurité, de disparitions forcées, d’arrestations arbitraires, de déportations vers le Burundi, de rapatriement forcé déguisé, de coupures répétitives de nourriture, d’interdiction de circuler, de destruction des marchés et stands… », ont énuméré deux responsables communautaires de Nduta et Mtendeli. “Nous avons aussi évoqué le problème de manque de médicaments, de couvertures, d’ustensiles de cuisine et de matériels didactiques et scolaires” ont indiqué deux autres leaders communautaires.

Des réfugiés tambourinaires accueillent la délégation /DR

A la sortie de la réunion, des réfugiés espèrent un éventuel léger mieux. “Nous avons espoir qu’il va y avoir un changement de nos conditions de vie. C’est la première fois qu’une telle forte délégation vient dans les camps. Apparemment, ils veulent vérifier la situation. Et puis, nous avons eu le temps de tout dire sans l’assistance des autorités tanzaniennes mis à part le président du camp”, soulignent des Burundais.

Ce mercredi, c’était le tour du camp de Nyarugusu qui héberge plus de 132 mille réfugiés dont 53 mille Burundais, le reste étant des Congolais.

Là aussi, les représentants des réfugiés ont exprimé leurs doléances. “Nous avons insisté sur la prise en charge axée sur le deux poids, deux mesures. Les Burundais sont malmenés alors que nos frères Congolais vivent tranquillement. La police a détruit nos champs de maïs et ont laissé ceux des Congolais alors qu’ils se trouvent dans un même endroit”, s’indigne un délégué burundais.

Les ambassadeurs ont promis de faire parvenir les doléances des réfugiés à leur hiérarchie. “Nous n’allons pas prendre de décisions avant de soumettre vos doléances à nos autorités hiérarchiques. Mais tout de même, ayez espoir”, ont tranquillisé ces ambassadeurs avant de promettre aux réfugiés d’être de « bons messagers ». “Je suis impressionnée par les représentants des réfugiés qui disent clairement ce qu’ils pensent, après avoir visité le camp de Nduta” a réagi Madame Mette Nogaard Dissing-Spandet, ambassadeur du Danemark en Tanzanie, sur son compte Twitter.

Une source généralement bien informée a révélé à SOS Médias Burundi que des réfugiés burundais et congolais, résidents en Europe et en Amérique auraient saisi Bruxelles et Washington pour leur demander de “ne pas cautionner des violations flagrantes des droits de l’homme et des réfugiés en particulier qui se commettent dans les camps de réfugiés en Tanzanie”.

Les membres de la délégation / DR

Selon la même source, les pays saisis ont décidé d’envoyer des émissaires pour vérifier « le contenu des correspondances et des pétitions remises aussi au secrétaire général de l’ONU, tenu responsable des conséquences inhumaines qui découlent de cette situation entretenue par les autorités tanzaniennes ».

L’Union Européenne et l’Amérique sont les grands donateurs et financiers du HCR. “Le HCR et la communauté internationale apprécient le gouvernement et le peuple tanzaniens pour avoir fourni un refuge sûr pendant des décennies aux populations forcées de fuir leur pays”, a twitté à son tour le HCR Tanzanie après cette visite.

La Tanzanie abrite plus de 260 mille réfugiés, essentiellement d’origine burundaise et congolaise.

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Photo : des réfugiés venus pour voir les membres de la délégation / DR

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