Butaganzwa : difficiles conditions de vie pour les familles du village de Nyakiga

Butaganzwa : difficiles conditions de vie pour les familles du village de Nyakiga

Le village de paix de Nyakiga dans la commune de Butaganzwa (province de Ruyigi, est du Burundi) compte 376 personnes réparties dans 104 familles.
Les intéressés disent mener une vie très difficile. La plupart de leurs enfants n’étudient pas et manquent cruellement de moyens pour se faire soigner. Une assistance s’avère nécessaire, selon l’administrateur communal qui demande aux partenaires de leur venir en aide.
(SOS Médias Burundi)

Diane Nijimbere habite le village depuis 2008. Elle indique que la toiture de sa petite maison s’est effondrée. « On dort presque à la belle étoile. On a juste tenté de couvrir le toit par la chaume, mais pendant la saison de pluie, nous vivons l’horreur. Mes enfants comme plusieurs autres développent des maladies respiratoires. Ils ne vont plus à l’école, […] ils n’ont pas d’avenir », explique une veuve qui a des enfants à sa charge.

Pendo Nimenya elle, est née dans un camp de réfugiés d’Ulyankulu. C’est dans la province de Tabora en Tanzanie. Elle affirme avoir intégré le village dès son retour de l’exil en 2008. « Mes parents sont décédés en Tanzanie et j’ai décidé de rentrer dans mon pays d’origine. Comme je n’avais pas de référence pour savoir la colline d’origine de mes parents, j’ai été intégrée ici. Mais j’ai énormément de problèmes, je ne suis même pas capable de me faire soigner quand je suis atteinte d’une maladie. Je n’ai pas de sécurité sociale et je crains qu’un jour on me reprenne cette maison. Si on pouvait me donner un titre de propriété pour me rassurer que c’est ma maison », a-t-elle estimé, tout en précisant qu’elle manque également de la terre à cultiver.

Aucun des quatre enfants à sa charge ne va à l’école. « Ils ont juste étudié jusqu’en deuxième année primaire. C’était en Tanzanie. Ici, je ne peux pas les envoyer à l’école alors qu’ils n’ont rien : pas de cahiers, de stylos, d’uniforme scolaire en plus du manque de nourriture suffisante. Imaginez-vous envoyer un enfant affamé à l’école qui n’espère rien manger à son retour! Même l’intelligence d’un adulte qui n’a pas mangé ne fonctionne pas bien, pour les enfants c’est le pire », ajoute-t-elle.

Bernardine Ndayishimiye a quant à elle perdu plusieurs membres de sa famille lors de la crise de 1993.
Elle dit avoir des difficultés de survie. « Nous vivons une pauvreté extrême à tel point qu’il nous est difficile de couvrir les besoins scolaires de nos enfants. Ils sont obligés d’abandonner l’école. En plus, nous manquons également des semences et l’engrais chimique lors de la saison culturale. C’est vraiment difficile, nous n’avons pas d’avenir, » désespère-t-elle.

Une maison détruite dans le village de paix de Nyakiga, juillet 2021

Mamert Buregeya, chef du village précise que ce dernier compte 376 personnes réparties en 104 familles. Selon lui, malgré les conditions de vie difficiles, ses occupants cohabitent pacifiquement sans distinction éthique.

L’administrateur de Butaganzwa, Rémy Ndarufatiye indique être au courant de la situation. « À leur arrivée, les rapatriés sont rétablis dans leurs biens. Mais ceux qu’on décide de mettre dans des villages de paix, bénéficient d’une assistance qui, certainement s’épuise après une courte période. Je demande aux partenaires techniques et financiers de venir en aide à cette communauté du village de paix de Nyakiga », a-t-il exhorté.

Les villages de paix sont éparpillés dans différentes provinces du Burundi. Ils sont habités par des rapatriés venus principalement de la Tanzanie et des déplacés intérieurs qui ont fui leur colline lors de la crise de 1993 consécutive à l’assassinat du premier président Hutu élu démocratiquement Melchior Ndadaye.

Les premiers sont des Hutus qui ont fui en 1972 lors des massacres qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis. Le gouvernement menace de fermer les villages habités par le second groupe composé majoritairement de rescapés Tutsis, ce que des organisations de la société civile et des partis d’opposition dénoncent.

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Photo : des enfants dans le village de paix de Nyakiga, juillet 2021

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