Journée dediee aux réfugiés : les réfugiés burundais dans le désarroi

Journée dediee aux réfugiés : les réfugiés burundais dans le désarroi

A l’occasion de la célébration de la journée internationale dédiée aux réfugiés, les Burundais vivant dans les camps en Tanzanie, au Rwanda, en Ouganda et en RDC déplorent les conditions de vie qu’ils mènent. Ils ont confié à notre rédaction la déception éprouvée. Mais il y en a qui sont parvenus à s’adapter à la nouvelle vie. SOS Médias Burundi

A Nyarugusu (Tanzanie), la journée internationale dédiée aux réfugiés a été célébrée lundi et mardi les 20 et 21 juin 2022. Des Burundais qui vivent dans ce camp disent être déçus de la diminution de la ration alimentaire, surtout. »On assiste à une réduction considérable de notre ration alimentaire,à la non réhabilitation des maisons vieilles de huit ans, au manque des médicaments. Les enfants qui ne vont pas à l’école par manque de matériel scolaire, des infrastructures et des enseignants ne cessent de se multiplier. Comment nous réjouir dans ces conditions », fustigent des réfugiés burundais.

Dans le camp des réfugiés de Nduta (Tanzanie), certains réfugiés disent être satisfaits des formations qu’ils ont reçu de la part des ONG notamment dans la fabrication des combustibles naturels malgré les appels répétés du pays d’accueil de rentrer sans le vouloir. « Au moins plus de 1000 personnes d’entre nous ont eu des formations sur la fabrication des combustibles à base des déchets ménagers. Cela va nous préserver des violences sexuelles que nous subissons quand nous nous rendons dans les réserves naturelles pour chercher du bois de chauffage. C’est le seul aspect positif si non ces appels au retour forcé, nous en avons marre », ont réagi des Burundaises au camp de Nduta.

La Tanzanie abrite plus de 127.300 Burundais se trouvant dans les camps de Nduta et Nyarugusu.

Rwanda

Pour les réfugiés burundais du camp de Mahama tout comme ceux de Kigali, les droits à la santé et à l’éducation sont couverts. Toutefois, la célébration de la journée internationale dédiée aux réfugiés arrive au moment où la majorité des enfants réfugiés qui habitent en dehors des camps ne vont pas à l’école ou ont suspendu la formation suite au manque des frais et matériel scolaires, d’après des parents et leaders communautaires.

« L’école ici à Kigali est très chère. Il y a des enfants qui sont chassés parce qu’ils n’ont pas eu de minerval, qui rentrent aussi parce qu’ils ont faim, qui manquent du matériel scolaire. Nous ne faisons que nous remettre entre les mains de Dieu[…] », se désole un parent. Pour d’autres réfugiés qui sont très désespérés « vaut mieux avoir de quoi manger que scolariser les enfants ».

« Avant je me débrouillais et parvenais à trouver de quoi manger, un peu de moyens me permettant de payer les frais scolaires de l’enfant, mais aujourd’hui même l’argent nécessaire pour m’acheter la nourriture, il est difficile de l’avoir », confie un autre parent.

D’après le président du Comité des refugiés enregistrés à Kigali ( capitale du Rwanda) Patrice Ntadohoka, les parents ont raison de crier. Il indique que des Burundais qui soutenaient des enfants vulnérables dans le passé ne le font plus. Sur les 19 mille réfugiés burundais qui sont au Rwanda, au moins 1000 enfants se trouvent dans le besoin de soutien scolaire. Pour rappel, le HCR a soutenu les enfants dans le domaine scolaire jusqu’en 2016.

À la question de savoir pourquoi les enfants réfugiés ne bénéficient plus de soutien scolaire, la réponse est claire. »Le HCR nous répond que pour avoir le soutien, vous devez aller vivre dans un camp de réfugiés. Dans le camp, vous savez que ce n’est pas tout le monde qui peut y vivre pour des raisons multiples », indique M. Ntadohoka.

Le droit à la santé bien couvert

Dans le domaine de la santé, tous les réfugiés qui détiennent la carte d’identité de réfugié remercient le gouvernement du Rwanda et le HCR pour les soins de santé couverts. « Tous les refugiés, en tout cas, nous remercions vivement le HCR et le gouvernement du Rwanda. Nous sommes traités comme les nationaux, ceux qui disposent des cartes d’identité, dans les structures publiques, les soins sont couverts à 90%, les réfugiés ne payent que 10% de la facture totale des soins, y compris les médicaments pour les personnes hospitalisées », témoignent plusieurs réfugiés.

Vie socio-économique

La plupart des réfugiés urbains se sont lancés dans l’agriculture et l’élèvage, ils s’en félicitent. C’est le cas de celui-ci qui s’exprime en ces termes : « ici au Rwanda, je me sens comme si je suis chez nous. En plus du droit d’asile que j’ai eu, je me suis lancé dans l’agriculture, j’ai déjà bénéficié des formations comme les Rwandais, pas de discrimination. Dans la saison culturale, je cultive. Quand j’ai besoin du fumier, j’utilise le mien, je n’achète qu’un peu de quantité rarement. Je consomme ce que j’ai produit moi-même en plus de vendre sur le marché mes propres vivres. A côté de l’agriculture, je fais l’élevage de petits animaux domestiques, je suis occupé, tout le temps ».

Profitant de la journée leur dédiée, les réfugiés remercient encore une fois le gouvernement du Rwanda pour la sécurité qu’il leur assure.Leurs représentants les sensibilisent à travailler pour lutter contre la pauvreté. « Parce qu’avec le temps qu’ils viennent de passer au Rwanda, tous les réfugiés devraient avoir quitté le stade d’indigent pour passer au niveau de contributeur au développement du pays d’accueil ».

Le Rwanda héberge plus de 127 mille réfugiés, 60 % sont des Congolais (plus de 76.900) et environs 39% sont des Burundais (plus de 49.800) d’après le ministère en charge de réfugiés.

Nakivale (Ouganda)

Au camp de Nakivale, la journée a été célébrée dans la zone de Rubondo dans le camp de Nakivale. Toutes les organisations humanitaires actives à Nakivale étaient présentes. C’était la bonne occasion pour celles-ci de présenter leurs œuvres qui ne satisfont pas les bénéficiaires.  » […], elles disent qu’elles supportent les soins de santé, les frais scolaires, la sécurité…ce qui n’est réellement pas vrai car ici les malades s’achètent des médicaments, plusieurs enfants n’étudient pas, les albinos ne sont pas bien pris en charge », réagissent des Burundais installés à Nakivale. Nakivale compte plus de 127 mille réfugiés en provenance de beaucoup de pays dont plus de 41mille Burundais, les autres étant des Sud- Soudanais, Congolais, Rwandais, Erythréens, Ethiopiens et Somaliens.

RDC

La République Démocratique du Congo héberge plus de 41 mille réfugiés burundais. Ils sont installés dans deux camps principalement : Lusenda et Mulongwe dans le Sud-Kivu (Est de la RDC). Depuis le début de cette année, au moins 1300 Burundais ont été rapatriés. Les rapatriés interrogés par SOS Médias Burundi disent avoir décidé de rentrer chez eux suite à l’insécurité qui règne dans la zone où ils sont basés et aux conditions difficiles dans lesquelles ils vivent dans les camps.

Ces derniers mois, des attaques d’hommes armés ont visé des réfugiés burundais au moment où d’autres ont été harcelés, violés et torturés par des hommes armés affiliés aux Maï Maï surtout. D’après le HCR, plus de 258 mille Burundais sont encore en exil, principalement dans quatre pays de l’EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est) que sont le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda et la RDC.

Ils ont fui en 2015 à la suite d’une crise déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza. La journée dédiée aux réfugiés est célébrée chaque année, le 20 juin.

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Image : des réfugiés burundais dans le camp de Nduta

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