Nyarugusu (Tanzanie) : un réfugié burundais assassiné, sa femme traumatisée avorte
Un homme d’une quarantaine d’années a été assassiné par des personnes non encore identifiées non loin du camp. Son épouse qui n’a pas facilement accueilli la mauvaise nouvelle a fini par avorter. Elle attendait des jumeaux. (SOS Médias Burundi)
EzraTuyisenge habitait la zone 9, village V. Il avait disparu depuis dimanche soir. Il était parti faire la récolte dans ses champs non loin du camp, selon ses voisins.
Lundi, son épouse a alerté la police et les chefs de son village qui ont directement entamé des recherches.
« Il a été retrouvé ligoté, avec des traces d’une corde sur ses jambes. Il a été poignardé au niveau de sa poitrine à l’aide d’un couteau, apparemment lundi soir», assurent ses voisins.
La police indique avoir entamé des enquêtes mais aucune piste n’est privilégiée du moment que son vélo n’a pas été volé.
Il laisse une veuve et quatre enfants. Son épouse qui n’a pas digéré la mauvaise nouvelle a finalement fait une fausse couche. Elle attendait des jumeaux.
« C’était la désolation totale au cimetière quand on a enterré les trois corps côte à côte. L’on ne sait même pas encore si sa veuve pourra survivre. Elle est traumatisée jusqu’à présent. C’est le mari qui subvenait à tous les besoins de la famille», indiquent des réfugiés burundais qui ont assisté aux funérailles ce mercredi.
Les réfugiés qui ont des champs de cultures dans les villages environnant le camp de Nyarugusu ont peur car les communautés d’accueil veulent spolier leurs biens après avoir appris qu’il leur est désormais interdit de sortir dudit camp. Ceux qui osent sortir en clandestinité risquent leur vie et sont soit dépouillés de leurs biens, agressés et/ou tués comme c’est le cas de Tuyisenge.
Ces derniers demandent à l’administration qu’une dérogation spéciale leur soit accordée pour moissonner leurs champs qui se trouvent surtout dans les villages de Nyarugusu, Mwari, Makere, Migunga et Nyamidaho non loin du camp.
Ils dénoncent des abus commis contre les réfugiés burundais uniquement alors que leurs voisins congolais ne sont pas inquiétés. Ils critiquent cette façon de leur contraindre au rapatriement forcé au lieu de leur laisser le choix de s’enregistrer volontairement s’ils le désirent.
La Tanzanie continue de prendre des mesures drastiques pour contraindre les réfugiés burundais de quitter son sol et rentrer jusqu’en octobre prochain avant que d’autres mesures plus contraignantes allant jusqu’à la fermeture des camps soient prises, ce que ne veulent pas entendre les concernés.
LIRE AUSSI :
D’après les données du HCR, la Tanzanie compte plus de 131.000 réfugiés burundais dont plus de 55.000 vivant au camp de Nyarugusu.
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Photo : le corps d’Ezra Tuyisenge retrouvé non loin du camp de réfugiés de Nyarugusu le 30 avril 2024
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