Nord-Kivu : des femmes manifestent dans la ville de Goma pour exiger le départ sans condition de la MONUSCO

Nord-Kivu : des femmes manifestent dans la ville de Goma pour exiger le départ sans condition de la MONUSCO

Le forum des femmes- leaders du Nord-Kivu a organisé une manifestation pacifique ce vendredi 22 juillet à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo. Elles ont fait un sit-in de quelques heures au rond-point appelé Signers, en plein centre-ville, tôt le matin. Elles se sont dirigées devant le quartier général de la MONUSCO pour poursuivre leur action. À l’instar de nombreux acteurs politiques et ceux de la société civile sans exclure les mouvements citoyens et d’autres groupes de pression, ces femmes exigent le départ sans condition de la MONUSCO (Mission de l’organisation des Nations-Unies en République Démocratique du Congo) dont le bilan « reste négatif depuis son arrivée en RDC où l’insécurité bat son record ». (SOS Médias Burundi)

Pour ces femmes du Nord-Kivu, c’est inacceptable que plus de 20 ans après, la grande mission de l’ONU déployée en RDC, dont la majeure partie se retrouve à l’est, ne soit pas à mesure de contribuer au retour de la paix.

Elles disent dénoncer par cette action, « la complicité de la communauté internationale dans tout ce qui se passe à Beni (Nord-Kivu) avec le phénomène ADF (Forces Démocratiques Alliées) et à Rutshuru avec la prise de Bunagana ,cité frontalière avec l’Ouganda par les rebelles du M23, depuis plus d’un mois maintenant ».

« Ça fait déjà plus de 20 ans que la MONUSCO est ici. Elle n’arrive toujours pas à nous sécuriser comme c’est bien établi dans son mandat. Dernièrement, elle a déclaré qu’elle était incapable de combattre le M23 puisqu’il détient des armes plus sophistiquées que les siennes. N’est-ce pas un aveu d’échec ? [….]. Voilà pourquoi, nous exigeons son départ », a expliqué fermement Nelly Mbangu Lumbulumbu, coordonnatrice de l’ONG « Sauti ya Mama Mukongomani ».

La situation sécuritaire reste tendue à Rutshuru avec les incursions du Mouvement du 23 mars à Beni. Des massacres de civils sont perpétrés par les rebelles ougandais ADF à Irumu (province frontalière de l’Ituri).

D’autres groupes locaux sont présents à Djugu, en province de l’Ituri, toujours. Plusieurs habitants de Rutshuru se sont soit réfugiés en Ouganda voisin, ou déplacés vers des zones jugées plus sécurisées à Rutshuru, Nyiragongo et même à Goma et la plupart est constituée de femmes.

« Nous leaders des femmes du Nord-Kivu avons compris que cette situation d’insécurité ne peut pas perdurer pendant que la MONUSCO est encore là. La résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies adoptée en 2000 demande aux États de protéger les femmes et les enfants en période de conflits armés. Fort malheureusement pendant les atrocités, ce sont les femmes et les enfants qui sont victimes. C’est pourquoi, on se dit qu’il est temps de demander à la MONUSCO de partir. Les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) peuvent bien se prendre en charge si elles bénéficient des mêmes moyens que la MONUSCO », a pour sa part confié Sylvie Mazambi, une des manifestantes contactée par nos confrères de Goma.

La manifestation des femmes du Nord-Kivu a été organisée en marge de la réunion des Chefs d’États et de gouvernements de l’EAC qui a lieu ce vendredi à Arusha (Tanzanie).

Par cette occasion, les femmes ont demandé au représentant de la RDC, le Premier ministre Sama Lukonde de n’accepter un quelconque dialogue avec le M23 mais d’exiger plutôt au Rwanda, à l’Ouganda et au Burundi de dialoguer avec leurs ressortissants qui sèment actuellement terreur et désolation dans la partie est de la RDC.

Le président du sénat, le professeur Bahati Lukwebo de passage à Goma, a également demandé le départ de la MONUSCO suite à son inefficacité de protéger la population et mettre fin à l’insécurité à l’est de la RDC ,récemment.

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Photo : une femme en pleine manifestation à Goma, le 22 juillet 2022

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