Sud-Kivu : les Congolais d’origine burundaise, les Tutsis et les Banyamulenge se font enrôler très difficilement pour les élections

Sud-Kivu : les Congolais d’origine burundaise, les Tutsis et les Banyamulenge se font enrôler très difficilement pour les élections

L’enrôlement des électeurs pour les élections générales prévues en décembre cette année est en cours dans l’Est du Congo, une région menacée par la présence de groupes armés locaux et étrangers durant trois décennies. Certains groupes de Congolais appellent les agents de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) à ne pas enregistrer les membres des communautés burundaises vivant en RDC, Tutsi et les Banyamulenge estimant qu’ils ne sont pas Congolais. Mais les autorités découragent les initiateurs. (SOS Médias Burundi)

Les Congolais d’origine burundaise basés dans la plaine de la Rusizi sur le territoire d’Uvira en province du Sud-Kivu à l’est de la RDC ont été empêchés par des jeunes de la communauté Bafulero de se faire enrôler. Ces derniers estiment qu’ils ne sont pas de « vrais Congolais ». Les faits se sont déroulés dans les zones de Mutarule et Luberizi, selon des témoins.

« Les chefs coutumiers Bafulero ont ordonné à leurs jeunes de nous refuser l’accès à des centres d’enrôlement », regrette un Congolais burundophone, qui s’est vu refuser le droit de se faire enregistrer ce dimanche.

Des militaires postés sur la plaine de la Rusizi sont intervenus. Ils ont appelé les initiateurs du mouvement à laisser les Congolais d’origine burundaise participer dans le processus électoral comme d’autres Congolais.

« Ce sont des Congolais à part entière et ils ont même leur propre roi », ont-ils rappelé.

Dans d’autres centres dans les villes de Bukavu et Uvira (Sud-Kivu) ainsi que Goma (Nord-Kivu) notamment, des membres des communautés rwandophones vivant en RDC et les membres de la communauté Banyamulenge et les Tutsi se sont vu refuser le droit de se faire enrôler également.

« Vous n’êtes pas des Congolais, retournez chez vous au Rwanda, on n’a pas besoin de vous », ont menacé certains agents de la CENI et représentants d’associations.

La CENI procède à la distribution du matériel d’enrôlement des électeurs dans la ville d’Uvira

Au Congo, la carte d’électeur vaut celle d’identité. C’est pourquoi l’enrôlement se déroule même dans les prisons même si les détenus ne votent pas. Cela se fait pour que les prisonniers qui sont relâchés ne puissent pas avoir des problèmes dans l’administration. Dans la capitale Kinshasa, des membres de la communauté Banyamulenge qui y sont emprisonnés dans les maisons d’arrêt de Makala et Ndolo n’ont pas été répertoriés.

« On ne peut pas vous enregistrer car vous êtes des étrangers », ont expliqué avec arrogance des agents de la CENI, ont rapporté des témoins.

Mais partout, les autorités appellent les initiateurs à « cesser ce comportement qui ne fait que favoriser l’ennemi qui veut voir le Congo se déchirer ».

Dans la province du Nord-Kivu, la société civile a appelé la semaine dernière la population à « boycotter l’enrôlement électoral » et ne se faire enregistrer que quand la sécurité sera rétablie et les déplacés de guerre seront réintégrés dans leur ménage.

Le plus vaste pays de l’Afrique centrale organise des élections générales fin décembre cette année.

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Photo : un bureau du roi des Congolais d’origine burundaise dans la plaine de la Rusizi

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