Burundi : la macroéconomie et la géopolitique à la Ndabirabe

Burundi : la macroéconomie et la géopolitique à la Ndabirabe

Deux vidéos sorties au cours de la semaine passée défraient la chronique sur la toile burundaise. Le très honorable Daniel Gélase Ndabirabe, président de la chambre basse du parlement burundais nous donne une leçon de l’économie et de la géopolitique allant même jusqu’à dire que « les Européens crèvent de faim » et que pour l’honneur de la solidarité » chaque Burundais devrait contribuer en vivres pour venir à la rescousse de cette Europe frappée de plein fouet par la famine ». (SOS Médias Burundi)

Peu avant la sortie de cette courte vidéo de 30 secondes dans laquelle il harangue la population, une autre vidéo tournée le 18 février dernier, lors des travaux communautaire en commune de Matongo dans la province de Kayanza (nord du Burundi) le montre en train de donner une leçon de la macroéconomie à la population locale.

En très bonimenteur, le très honorable, président de l’Assemblée nationale, cet érudit qui nous vient de Kayanza, n’hésite pas de dire que « les gens viennent au Burundi pour faire des affaires, parce que la valeur de la monnaie burundaise est supérieure à celle des monnaies des pays de la sous-région , voire du Dollar et de l’Euro (sic!) ».

Pourtant le Dollar s’échange à 3780 francs burundais aujourd’hui sur le marché noir et le pays fait face à une carence en devises de façon récurrente.

Pour « Ndasubiramwo-Man » ou encore « Wewe », la carence même du carburant, devenue une denrée très rare au Burundi- vrai sens du terme, est due au fait que « ces gens en importent de chez nous ». Depuis quand le Burundi exporte du carburant?

Il va plus loin démontrant devant la foule venue se ressourcer auprès de cet intellect, que : « les Blancs comptent nous garder sous leur emprise, nous empêcher de faire ce que nous pouvons faire, puis nous faire croire que nous sommes pauvres ».

Pour couronner tout, « manger de la viande de lapin pour un paysan burundais est le résultat notoire de la grandeur et de la stabilité du franc burundais », d’après le très sulfureux président de l’Assemblée nationale.

Épinglés sur la twittosphère burundaise, les propos de Ndabirabe sont qualifiés de discours purement politique et propagandiste. La réalité sur les différents marchés de produits vivriers pour ne citer que ça démontre le contraire.

Venir chanter au chauffeur de taxi qui nourrit sa famille grâce au transport rémunéré et qui vient de passer trois jours à faire la queue sur une station-service à attendre d’être servi en vain, que le Burundi exporte du carburant-montre à quel point nos dirigeants ignorent les réalités de la société dans laquelle ils vivent pourtant.

Tout comme s’adresser à des paysans de Kayanza en ces termes, l’une des provinces ayant le taux de natalité le plus élevé du pays pour toujours et où des ménages préfèrent alterner pour cultiver leur lopin de terre et où manger une seule fois est une chance dans cette province où plus de 5 mille enfants ont déjà abandonné l’école suite à la pauvreté des familles, rien que pour le premier trimestre de l’année scolaire en cours.

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