Rwanda : le parti au pouvoir prépare le terrain pour 2024

Rwanda : le parti au pouvoir prépare le terrain pour 2024

Le Président rwandais Paul Kagame a été réélu, dimanche, à la tête du parti « Front patriotique rwandais » (FPR), au pouvoir, pour un mandat de 5 ans. Pendant ce temps, le parlement prépare un amendement de la constitution, pour combiner deux élections: présidentielle et législative. Paul Kagame n’écarte pas de se représenter. (SOS Médias Burundi)

C’est sans surprise que le président Paul Kagame a été réélu ce dimanche à la tête de son parti qu’il dirige depuis le maquis, depuis une bonne trentaine d’années. Il a été choisi en marge du 35e anniversaire de l’existence du FPR-Inkotanyi qui a libéré le pays et mis fin au génocide des Tutsis en juillet 1994.

C’est peut être un boulevard qui s’ouvre pour sa propre candidature à la présidentielle prévue en août 2024, alors que le parlement entame ce lundi un processus d’amendement de la constitution.

Objectif, du moins dévoilé de cette activité parlementaire, d’après le ministre en charge de la justice et garant de la constitution Emmanuel Ugirashebuja, combiner deux échéances électorales.

« L’objectif principal qui a motivé le président de la République pour demander cet amendement est avant tout la combinaison des élections présidentielle et législative qui étaient décalées de deux ans. Cette combinaison revêt deux avantages primordiaux : la réduction du timing pour la préparation des élections, ensuite la population vaquera à ses activités sans toutefois penser aux élections chaque fois dans trois ans et le budget alloué aux élections sera considérablement réduit et donc le surplus pourra être utilisé dans d’autres projets d’intérêt public », a-t-il expliqué devant le parlement.

Certains observateurs supposent que le parlement veut tailler une constitution sur mesure du président Paul Kagame qui dirige le pays des milles collines depuis 23 ans.

Ici le président Kagame n’écarte pas de se faire réélire. Il l’a évoqué lors de sa dernière conférence de presse.

«Tu demandes si je serais candidat présidentiel l’année prochaine. En réalité, je ne sais pas. C’est le peuple qui décide. Mais quand je dis que je ne sais pas, cela veut dire que c’est possible. Peut-être, cela va être fait ou non. Alors, retenez que la réponse est à 50% oui», a-t-il répondu à un journaliste kényan.

Ses partisans ont déjà exprimé leur souhait ce dimanche après l’avoir reconduit à la tête du FPR-Inkotanyi. Ils ont indiqué que « le pays a encore besoin du leadership de Paul Kagame », citant un niveau record de développement dans presque tous les secteurs de la vie nationale.

En 2015, la même constitution du Rwanda avait été amendée pour enlever l’article 101 fixant la limitation des mandats présidentiels, ce qui a permis à M. Kagame de se représenter en 2017 lors d’une élection qu’il a remportée avec une majorité écrasante de plus de 98% des voix.

Des voix critiques et son opposition parlent d’acte anti-démocratique et l’accusent de diriger le pays d’une main de fer. Ils dénoncent notamment le manque de liberté d’expression et d’opinion ainsi que le rétrécissement de l’espace politique.

Mais pour le régime Kagame, le Rwanda a choisi la démocratie qui lui convient après des temps sombres du génocide commis en 1994 contre les Tutsis, une tragédie qui a emporté plus d’un million de personnes en trois mois seulement entre avril et juillet avant que l’ancienne rébellion Tutsi FPR-Inkotanyi n’y mette fin.

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Photo d’illustration : au milieu, le président Paul Kagame lors d’un rassemblement du FPR-Inkotanyi, crédit Photo, Igihe

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