Bujumbura : la justice burundaise a libéré cinq activistes après 73 jours de détention

Bujumbura : la justice burundaise a libéré cinq activistes après 73 jours de détention

Leur libération est intervenue vendredi après-midi. La société civile locale et celle en exil salue la décision du tribunal de Ntahangwa (nord de la ville commerciale Bujumbura). (SOS Médias Burundi)

Ce sont des activistes en exil qui ont annoncé en premier la nouvelle avant d’être confirmée par les familles et les avocats des anciens détenus.

La société civile locale s’est réjouie.

« Cela prouve à suffisance que la justice burundaise est libre et indépendante et que le pays respecte le travail des organisations de la société civile comme il s’est engagé à le faire », a réagi Gérard Hakizimana, représentant de la Folucon-F qui milite contre le népotisme et le favoritisme.

Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome) a, quant à lui remercié les Burundais et diplomates qui ont soutenu les cinq activistes et qui l’ont manifesté ce jeudi lors de leur comparution à la prison centrale de Bujumbura dite Mpimba.

Deux des cinq personnes libérées par le tribunal de Ntahangwa ont été condamnées à deux ans de prison avec sursis.

« Ils ont été accusés de mener leurs activités sans prise d’acte. Or ce document est délivré par les autorités et non les organisations. Les ASBL ne doivent pas être victimes de la lenteur administrative. Les lacunes de la loi sur les ASBL doivent corrigées », a insisté M.Rufyiri.

Pour Anschaire Nikoyagize, président de la Ligue Iteka, la plus ancienne organisation de défense des droits humains au Burundi, qui travaille depuis l’exil aujourd’hui, « les partenaires du Burundi ne doivent pas être bernés, les autorités burundaises leur disant qu’elles ont libéré des prisonniers alors qu’ils étaient injustement détenus ».

« Nous devons rappeler qu’ils étaient surtout illégalement emprisonnés », dit Anschaire Nikoyagize.

Quatre activistes burundais à savoir : Sonia Ndikumasabo, présidente de l’Association des Femmes Juristes du Burundi (AFJB), Marie Emerusabe, coordinatrice générale de cette association, Audace Havyarimana, représentant légal de l’Association pour la Paix et la Promotion des Droits de l’Homme (APDH), Sylvana Inamahoro, directrice exécutive de cette association, avaient été arrêtés à l’aéroport International de Bujumbura le 14 février dernier alors qu’ils partaient pour Kampala dans une réunion avec des partenaires. Le cinquième homme qui a recouvré la liberté est le coordonnateur du projet foncier au sein de l’APDH, Prosper Runyange. Il avait été appréhendé à Ngozi (nord du Burundi) où il est basé. Le ministre en charge des affaires intérieures qui s’occupe aussi de la gestion des organisations de la société civile leur avait reproché de « continuer à collaborer avec une ONG étrangère », Avocats Sans Frontières (ASF) qui a fermé ses bureaux au Burundi à la fin de l’année 2018.

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Dans l’audience publique de ce jeudi, le ministère public avait requis des peines allant de 5 à 10 ans d’emprisonnement. Les cinq activistes étaient poursuis pour « atteinte à l’intégrité nationale et rébellion ».

C’est la première fois depuis la crise de 2015 déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Nkurunziza, que des activistes soient relâchés aussi rapidement après avoir été présenté à un juge.

Des sources proches du dossier avaient confié à SOS Médias Burundi qu’il y a eu un compromis entre les autorités burundaises et les bailleurs.

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Photocollage : les cinq défenseurs des droits humains détenus depuis le mois de février 2023, enfin libres.

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