Burundi-Grèce : l’ancien colonel de police Spiros Richard Hagabimana pourrait devenir le premier noir au parlement grec

Burundi-Grèce : l’ancien colonel de police Spiros Richard Hagabimana pourrait devenir le premier noir au parlement grec

Ce lundi 22 mai auront lieu les élections législatives grecques. Cela, afin de renouveler pour quatre ans, les 300 députés du parlement grec. Parmi les candidats figurent Spiros Richard Hagabimana, un ancien colonel de police né au Burundi. Les autorités de la petite nation de l’Afrique de l’est le poursuivent encore pour « le coup d’Etat raté de 2015 ». L’ancien officier qui estime que « la justice burundaise n’existe pas », dit avoir « toutes les chances ». (SOS Médias Burundi)

Dans un entretien qu’il a accordé à SOS Médias Burundi et à la Voix de l’Amérique (Service Kirundi/Kinyarwanda), Spiros Richard Hagabimana se dit très confiant quant à sa victoire.

« Concernant les chances, elles sont toutes là. J’ai confiance en mes concitoyens, ils ont confiance en moi. Mon parti a confiance en moi et le président du parti a confiance en moi. Donc je n’ai pas de raison de douter. Toutes les chances sont là, elles sont garanties. Selon les sondages, les dernières évolutions, il y en a qui me disent que je suis favori », dit-il.

Spiros Richard Hagabimana venait de passer quelques quatre ans à s’occuper des questions des migrants. Même si ce ne sont pas les seuls problèmes qu’il va essayer de résoudre, elles seront dans ses priorités.

« Je serai là pour affronter certains défis en rapport avec certains groupes notamment les migrants qui ont des soucis par rapport à l’intégration, à l’apprentissage de la langue, à l’accès au marché du travail. Pour les immigrants, la question d’intégration est cruciale », indique celui qui vient de passer trois ans et demi au ministère en charge de l’asile.

Pour les ressortissants de la région des Grands-Lacs d’Afrique et de la communauté Est-Africaine auxquelles le Burundi appartient, M. Hagabimana pense que « je constitue déjà un bon exemple pour eux. Cela leur montre que si l’intégration est réussie, vous avez toutes les chances de participer dans la société dans laquelle vous avez choisi de résider ».

Présumé putschiste

Spiros Richard Hagabimana est poursuivi par la justice burundaise dans le dossier du coup d’Etat raté contre le pouvoir de feu président Nkurunziza en mai 2015. Le premier juge l’a acquitté avant que celui d’appel le condamne à la perpétuité et n’ordonne son arrestation. Mais à cette époque, début mai 2016, l’ancien colonel de police se trouvait déjà dans sa deuxième patrie.

« Je n’aimerais pas franchement retourner en arrière pour parler de la justice burundaise qui n’existe pas. Il faudra que les Burundais mettent en place un système judiciaire qui honore son nom et qui honore le pays », fait-il remarquer.

« Nous avons vécu pendant de longues années les exactions des milices. Si on devrait parler de la justice, on devrait commencer par là- le fait qu’un gouvernement et une justice ne sanctionnent pas les gens qui torturent les autres, penser aux exactions policières…. », poursuit Spiros Richard Hagabimana.

Spiros Richard Hagabimana à la cour d’appel de Gitega (capitale politique du Burundi) lors d’un procès de présumés putschistes , Jean Pierre Aimé Harerimana

Et de prolonger en riant « Je me rappelle que ce putsch manqué s’est produit pendant que je n’étais même pas au pays. J’étais dans un séminaire à Zanzibar. Pour vous dire franchement que la question de la justice burundaise c’est la dernière question qui me concerne. J’ai tourné la page ».

Devise

« Ma devise c’est l’intégrité professionnelle, qui peut te conduire dans des difficultés comme telles si des ordres-ceux de violenter les gens, tirer sur les gens vous sont donnés. Il faut pratiquement résister quand de tels ordres vous sont donnés et garder cette intégrité professionnelle qui est la seule qui puisse sauvegarder ta dignité en tant qu’être humain », répond celui qui a été libéré suite à la pression de sa deuxième patrie quand on lui demande sa devise.

Ce lundi, s’il est élu, l’ancien officier de la PNB (Police nationale du Burundi) deviendra le premier noir au parlement grec. Mais pour lui, « ce n’est pas mon premier souci. Mon souci c’est ce que je vais pouvoir offrir à mes concitoyens ».

Spiros Richard Hagabimana a obtenu la nationalité grecque en 2005 après avoir passé 14 années en Grèce. Celui qui a fait une formation de la marine entre 1991 et 1996 à Athènes rentrera au Burundi la même année pour intégrer la police burundaise après. C’était lors de l’intégration des mouvements rebelles Hutus dans l’ancienne armée alors dominée par la minorité Tutsi.

Spiros Richard Hagabimana, 54 ans et père d’un fils de 11 ans, conseille aux autorités burundaises d’éviter de « recourir à la violence en cas de crise ».

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Photo : Spiros Richard Hagabimana salue une femme dans une Église non loin de la ville d’Athènes / copyright Reuters

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