Journée des réfugiés : le calvaire des réfugiés burundais

Journée des réfugiés : le calvaire des réfugiés burundais

La Journée mondiale des réfugiés est célébrée chaque 20 juin. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR explique que c’est une occasion de mettre en lumière les droits, les besoins et les rêves des réfugiés, et contribuer à sensibiliser la classe politique et à mobiliser des ressources pour que les réfugiés puissent non seulement survivre, mais aussi s’épanouir. SOS Médias Burundi a fait le tour des différents camps dans la région pour s’enquérir de la situation très critique des exilés burundais. (SOS Médias Burundi)

Mahama(Rwanda) : entre espoir et angoisse

Coïncidence ou pas, ou comme pour donner espoir aux réfugiés du camp de Mahama au Rwanda, le HCR et le PAM (Programme Alimentaire Mondial) ont annoncé qu’ils vont régler l’affaire des cartes bancaires expirées ou usées « afin d’améliorer les conditions de vie » des réfugiés.

A travers ces cartes, un montant de 10.000 Frw (10 USD) est donné à chaque réfugié, chaque mois pour les personnes les plus démunies (Catégorie sociale I) alors qu’une somme de 5.000 Frw (5 USD) est réservée aux autres réfugiés (Catégorie sociale II).

Cependant, rien n’occulte la hausse des prix des denrées alimentaires qui rendent dures les conditions de vie chez les occupants de ce camp. L’autre question de l’heure est le manque ou le retard exagéré dans la distribution du gaz de cuisine.

« Imaginez qu’on peut même avoir une farine de maïs mais ne pas manger durant deux jours parce qu’on n’a pas de combustibles. Pour le moment, certains accusent un retard de deux mois, d’autres un mois et demie et ainsi de suite. Les lignes sur les points de distributions de bouteilles de gaz sont interminables et les conséquences qui s’en suivent sont énormes. Nous exigeons qu’on trouve une solution durable à cette question devenue problématique », expliquent des réfugiés.

Sud-Kivu (RDC)

Les réfugiés burundais installés dans les camps de Lusenda et Mulongwe surtout, sur le territoire de Fizi en province du Sud-Kivu à l’est de la RDC disent éprouver beaucoup de difficultés. Ils évoquent notamment le fait de vivre dans de vieilles maisons et le manque d’assistance scolaire.

Des réfugiés burundais dans le Sud-Kivu

A cela s’ajoute l’aide alimentaire insuffisante.

« Le PAM nous donne 12 dollars par tête et par mois. Cette somme est presque insignifiante car les prix sur le marché ont augmenté de façon exagérée », regrette Nowa Nkurunziza , un réfugié de Mulongwe.

Dans cette partie du Congo, les demandeurs d’asile basés dans des centres de transit affirment qu’ils font aussi face à d’énormes difficultés.

« Noussommes 80 personnes à dormir dans un seul hangar et on parvient à trouver à manger très difficilement », se désole Aimable. N.

Nakivale (Ouganda) : extrême précarité

Au camp de Nakivale, les gens ne sont pas heureux à cause des coupures intempestives et inquiétantes de la ration.

« Imaginez qu’il y a une grande partie des réfugiés qui ne vont plus recevoir le complément de la ration en cash. La mesure doit entrer en vigueur avec le mois de juillet. Seuls les réfugiés jugés vulnérables vont continuer à recevoir la totalité de la ration avec une somme de 24.000 Shillings ougandais (6.5 USD) chacun, une réduction qui va jusqu’à la moitié pour 30% des réfugiés jugés de moyenne classe. Le reste n’aura rien en cash », se lamentent des concernés.

Ces derniers sont recommandés de se constituer en groupes et présenter des projets générateurs de revenus.

« Nous voulons en fait participer à l’autonomisation des réfugiés. Ils ne peuvent pas continuer à tendre la main tout le temps. Ils ont de la force et des connaissances, ils peuvent pratiquer l’agriculture, l’élevage ou le commerce comme tout autre citoyen ougandais », tentent d’expliquer des agents du HCR et du PAM.

Nduta (Tanzanie) : rapatriement forcé déguisé

Dans la semaine même où le monde célèbre la journée des réfugiés, une commission « Go and see, come and tell » a été envoyée au Burundi en provenance des camps de réfugiés en Tanzanie. L’objectif est d’aller sillonner le pays pour « constater la paix et la sécurité et revenir sensibiliser les réfugiés au retour volontaire ».

Depuis 2020, plusieurs missions de ce genre ont été organisées, sans convaincre un grand de nombre de réfugiés.

Une réfugiée burundaise dans un champ en dehors du camp de Nduta en Tanzanie

« Cette fois-ci, c’est le tour des gens originaires des provinces du centre et du nord-ouest
(Bujumbura, Mwaro, Muramvya, Gitega, Bubanza et Cibitoke). Ils vont échouer comme leurs prédécesseurs. En fait cette commission tripartite entre le Burundi, la Tanzanie et le HCR ne veut pas affronter la vraie question. Faire le voyage dans tout le pays et ne pas entendre des coups de fusils ne signifie en aucun cas la présence de la paix. Qu’ils résolvent la crise que nous avons fui, donc les violations des droits de l’homme, les assassinats ciblés et autres abus et exactions avant de nous demander de rentrer », font savoir des réfugiés.

Nyarugusu (Tanzanie) : destruction méchante des cultures

« On croyait que quelques jours avant la célébration de cette journée, ils allaient ‘se reposer’ et nous laisser la paix. Mais voilà que des champs de bananes sont détruits au grand jour dans la zone 10. Ça fait peur car ils utilisent des machettes neuves. Cela nous rappelle la crise que nous avons fui, signe que nous aussi nous pouvons être ‘coupés’ ou tués comme ils coupent nos champs », laissent entendre des réfugiés qui dénoncent cette stratégie déguisée accomplie par la police tanzanienne et les gardiens civils.

Kakuma (Kenya) : insécurité grandissante

Plusieurs réfugiés « des Grands-Lacs » en provenance du Burundi et de la RDC se lamentent.

« Nos droits sont tout le temps bafoués. Nous sommes battus quand nous rentrons dans la soirée, nos motos sont volées ou confisquées, nos champs de cultures ne sont pas respectés…donc nous sommes comme des réfugiés de second rang. Que cela cesse, et que les auteurs de ces abus surtout les Soudanais de l’ethnie Nuer soient punis », disent des Burundais.

Dzaleka (Malawi) : surpeuplement

Depuis que le gouvernement du Malawi a pris la décision de renvoyer tous les réfugiés vivant dans les centres urbains, le camp de Dzaleka est presque débordé. A l’occasion de la journée, les réfugiés demandent au gouvernement de revoir cette décision aux multiples conséquences.

« L’exemple simple mais grave est le manque d’eau. Un nombre important de personnes se rencontre sur un seul robinet, alors que plusieurs autres fontaines ne fonctionnent plus. Et puis, c’est la scolarisation des enfants, pas de salles de classe suffisantes. Sans parler des soins de santé, l’on nous dit que le stock des médicaments est épuisé. On s’attend au pire alors que les réfugiés continuent d’arriver en provenance des villes », précisent des leaders communautaires au camp de Dzaleka.

Echo du HCR…

D’après le HCR, des journées internationales comme la Journée mondiale des réfugiés contribuent à attirer l’attention du monde entier sur le sort des personnes qui fuient les conflits ou les persécutions.

Une enfant dans un champ de bananes détruit à Nyarugusu

Les réfugiés burundais dans les pays de la partie de l’Afrique de l’Est veulent que la Journée mondiale qui leur est dédiée soit une occasion d’améliorer leurs conditions de vie en attendant qu’ils reviennent « volontairement» chez eux.

Selon un récent décompte, il y a plus de 261.000 réfugiés burundais dans la sous-région.

La Tanzanie abrite à elle seule près de la moitié au moment où la Zambie en héberge le plus petit nombre soit 3500.

La Journée mondiale des réfugiés est une journée internationale ayant pour but de sensibiliser à la cause des réfugiés du monde. Elle a lieu le 20 juin chaque année depuis 2001, année du 50ᵉ anniversaire de l’adoption de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés.

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Photo d’archives : des réfugiés burundais à Nyarugusu en Tanzanie

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