Nduta (Tanzanie) : calvaire des Burundais qui retournent en exil

Nduta (Tanzanie) : calvaire des Burundais qui retournent en exil

L’administration du camp de Nduta au nord-ouest de la Tanzanie procède au recensement et à l’enregistrement des mineurs non accompagnés. C’est au moment où leurs conditions de vie sont précaires car n’étant pas reconnus pour recevoir l’assistance. Ils sont issus des ménages qui sont retournés en exil. (SOS Médias Burundi)

La plupart des mineurs non accompagnés au camp de Nduta sont des enfants revenus en exil après avoir été rapatriés.

« En fait, ces enfants vivent dans des familles des parentés. Leurs parents, craignant d’être déportés, ils les laissent au camp pour aller s’installer dans des villages environnant les camps », expliquent des réfugiés.

Ces mineurs vivent dans des conditions déplorables. L’exemple est d’une octogénaire qui a accueilli ses petits-enfants.

« Je vis avec mes quatre petits-enfants d’entre 8 et 14 ans, laissés par ma fille et son mari qui sont revenus en exil mais comme ils ne sont pas reçus ici au camp, ils sont partis louer une maison en dehors du camp », témoigne-t-elle. Elle n’a pas souhaité que son identité soit dévoilée pour des raisons de sécurité.

« Alors, les nourrir c’est un casse-tête sans parler des soins de santé ou leur scolarisation car ils n’ont pas de statut de réfugié. Je dois partager avec eux le peu que je reçois du HCR. Les voisins aussi, comme ils savent qu’ils sont ici, ils m’aident pour avoir de quoi manger parfois. J’ai saisi le HCR et d’autres ONGs en vain », se désole celle qui dit n’avoir pas de choix.

Un enfant réfugié burundais en Tanzanie

Avec le recensement des mineurs non accompagnés, ces quatre enfants ont été enregistrés, mais leur grand-mère reste sans espoir.

« Je ne sais pas ce qui va arriver mais j’ose espérer qu’ils ne vont pas être rapatriés de force comme c’est le cas des adultes, sinon ce sont des lois qui seraient violées. Plutôt je demande que ces enfants reçoivent le statut de réfugié pour pouvoir bénéficier de l’assistance », lance la vieille femme.

L’on ne sait pas encore le nombre de mineurs laissés au camp par leurs parents mais ils sont estimés à plusieurs centaines.

Depuis 2020, la Tanzanie ne reçoit plus des Burundais qui retournent en exil après avoir été rapatriés. Dès qu’ils arrivent au camp, ils sont directement transportés vers la frontière.

« Ici, beaucoup de demandeurs d’asile vivent en clandestinité de peur d’être vus et renvoyés. Ils passent des nuits chez leurs amis. Alors, la ration et les soins de santé est une grande problématique pour eux », décrivent des réfugiés.

Ils y voient une violation des conventions régissant les réfugiés et demandeurs d’asile.

« Prenons l’exemple de ce couple, il a été rapatrié vers Ruyigi (Est-Burundi). Arrivés au pays, ils sont persécutés. Ils passent des nuits dans des forêts avant d’arriver au camp de Nduta, le seul camp qu’ils connaissent pour y avoir vécu pendant plus de 5 ans. Les refouler ne serait qu’une autre forme de persécution et une violation flagrante de la convention de 1951 de Genève sur la protection des demandeurs d’asile », analyse un leader communautaire, éveillé au camp de Nduta, regrettant aussi que «le HCR est impuissant ou complice devant l’animosité de la Tanzanie face aux réfugiés burundais ».

Le camp de Nduta compte plus de 76.000 réfugiés burundais connus par le HCR.

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Photo d’illustration : une réfugiée burundaise dans un champ en dehors du camp de Nduta en Tanzanie

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