Rutshuru : l’armée congolaise accuse le M23 d’avoir tué 11 jeunes dans une zone que la rébellion dit avoir cédé

Rutshuru : l’armée congolaise accuse le M23 d’avoir tué 11 jeunes dans une zone que la rébellion dit avoir cédé

Au moins onze jeunes gens ont été tués par les rebelles du M23 dans la nuit du 15 au 16 juillet dernier dans la zone de Bukombo, en territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu (est de la RDC), a accusé l’armée congolaise dimanche dans un communiqué. Mais la rébellion rejette les accusations. Elle dit que la zone où s’est déroulé le crime n’est pas sous son contrôle. « Elle fait partie des zones que le M23 a cédées à la force régionale de l’EAC », a réagi dans un entretien exclusif à SOS Médias Burundi, le porte-parole politique du mouvement du 23 mars. (SOS Médias Burundi)

Selon le document, les jeunes gens qui ont été tués par les rebelles du M23 transportaient les munitions et les vivres des combattants de ce groupe armé.

« Au total, onze jeunes civils tous de sexe masculin, utilisés comme des porteurs par ces terroristes, ont été froidement et lâchement exécutés sur la colline de Rubona, surplombant Bukombo », charge le communiqué.

Démenti

Le M23 balaie d’un revers de la main ces allégations.

« Le M23 n’est pas dans Bukombo. Il a déjà cédé la zone à la force régionale de l’EAC. Nous, on n’est pas dans la zone », a réagi Lawrence Kanyuka dans une interview exclusive accordée à SOS Médias Burundi lundi.

Milices entretenues par le gouvernement

Selon M.Kanyuka, les jeunes qui ont été tués à Bukombo appartiennent à des milices locales entretenues par les autorités congolaises.

« Le gouvernement congolais recrute des jeunes sans formation ni expérience. Il rassemble plusieurs groupes armés et milices autour de son armée. Il doit arrêter d’utiliser les jeunes comme une chair à canon. L’identité de ces jeunes est connue. Nous avons même des photos », poursuit-il.

Des rebelles du M23 dans l’ancienne base de Rumangabo dans le Nord-Kivu

Mais selon un activiste local, ce sont des combattants du M23 qui sont auteurs de l’attaque.

 « Il s’agit des rebelles-M23 qui sont venus de Murimbi en direction de Kashavu, Lurere jusqu’à Mushababwe », a affirmé Hériter Gashegu Habimana.

Mais le porte-parole du M23 reste sur sa position. Selon lui, ce sont des membres de groupes armés et milices collaborant avec les FARDC (Forces Armées de la République démocratique du Congo) qui se sont affrontés comme ils le font souvent.

« Les combats ne se déroulent pas seulement à Bukombo mais dans beaucoup d’autres zones. Le gouvernement a cherché des mercenaires chez les FDLR, les Nyatura, les Maï Maï et d’autres milices locales. Tous ces gens -là ne sont pas payés. Ils s’affrontent pour contrôler des zones », continue d’accuser Lawrence Kanyuka.

Manque de dialogue

Le porte-parole politique du M23 regrette le fait qu’il n’y a toujours pas de dialogue malgré les efforts de la sous-région.

« Le M23 s’est retiré de ses anciennes positions mais il n’y a toujours pas de dialogue contrairement à ce qui avait été convenu lors du 20ème sommet des chefs d’Etat à Bujumbura, en février », déplore-t-il.

« Nous sommes prêts à dialoguer pour pouvoir vivre le développement comme d’autres pays », rassure-t-il.

Probable reprise des armes

Le M23 affirme avoir pris des engagements pour permettre aux populations de l’est du Congo de vivre en sécurité. Les rebelles indiquent être prêts à reprendre les armes, en cas de besoin néanmoins .

« Nous sommes prêts à nous défendre et protéger nos populations car on ne laissera jamais le gouvernement et ses alliés tuer nos gens, piller nos troupeaux. Souvenez-vous, le M23 n’a jamais été vaincu. Il a toujours honoré sa part des accords ».

Enquêtes

L’armée congolaise accuse le M23 d’avoir tué 7 femmes et des enfants entre le 4 et 5 juillet dernier à Bungushu dans le groupement de Tongo, toujours dans Rutshuru.

Et le 29 novembre 2022, le gouvernement congolais avait également accusé les rebelles d’avoir tué au moins 272 civils dont 17 enfants à Kishishe, un village du Nord-Kivu à quelques 70 kilomètres de Goma (chef-lieu de province).

« Nous avons toujours exigé qu’il y ait des enquêtes. Et nous restons engagés sur ce point. Nous n’avons rien à cacher et pour le cas actuel, nous vous rappelons que nous ne sommes pas dans la zone », a conclu Lawrence Kanyuka.

Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 reprochant au gouvernement congolais de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants. Les autorités congolaises restent persuadées qu’elle bénéficie du soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de nier , chargeant de son côté les dirigeants congolais de collaborer avec les génocidaires rwandais FDLR en leur fournissant des uniformes, armes et munitions dans le but de « déstabiliser le territoire rwandais ».

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Photo : une des maisons brûlées lors de l’attaque de Bukombo

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