Gitega : Amédée Bwimba, nouveau voisin de l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni détenu dans des conditions inhumaines

Gitega : Amédée Bwimba, nouveau voisin de l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni détenu dans des conditions inhumaines

Amédée Bwimba est détenu dans une cellule située dans le compartiment de deux chambres où est isolé l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni. Cet homme d’affaires d’origine congolaise dirige une société d’informatique. Il est détenu à la prison centrale de Gitega depuis vendredi dernier après-midi. (SOS Médias Burundi)

Selon des sources judiciaire et pénitentiaire, Amédée Bwimba est poursuivi pour « fraude informatique ». Ce patron de l’entreprise en informatique « Asyst » a été interpellé sur mandat d’un procureur.

Circonstances floues

D’après des sources proches du dossier, M. Bwimba a été arrêté à la suite d’une descente du président de la République et du Premier ministre entre autres aux bureaux de l’OBR (Office burundais des recettes). Le président Ndayishimiye et le premier ministre Gervais Ndirakobuca s’y étaient rendus pour se rendre compte de l’état d’avancement de la digitalisation des services de cet office.

« Quand ils sont arrivés, des gens se sont arrangés et ont collaboré avec certains techniciens pour créer un dysfonctionnement du système mis en place par Asyst dans le but de montrer surtout au chef de l’Etat que la société n’a pas fait son travail correctement », disent des témoins.

D’après des sources bien informées, certains officiels burundais et investisseurs locaux proches du parti au pouvoir ne veulent pas que ce Congolais exécute ce marché.

« C’est un marché qui peut faire perdre à certains officiels plus de 32 milliards de francs burundais qu’ils allaient partager et mettre dans leur poche. En plus, il y a des investisseurs proches du CNDD-FDD qui aimeraient aussi gagner ce marché et qui font tout pour le récupérer », disent nos sources.

Conditions de détention inacceptables

Amédée Bwimba est incarcéré à la prison centrale de Gitega. Il partage le compartiment avec l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni qui y a été transféré en juillet dernier, en provenance de la prison centrale de Ngozi (nord du Burundi) où il logeait depuis le 8 mai dernier. Il est également isolé dans une chambre gardée en permanence par des policiers, ont confirmé à SOS Médias Burundi des sources pénitentiaires.

« Il n’est pas autorisé à recevoir des visites. Cet homme qui ne peut pas préparer la nourriture lui-même et dont la santé n’est pas bonne est obligé de manger ce que mangent les autres prisonniers ou de préparer sa nourriture lui-même. On lui a refusé d’engager un cuisinier. Il a fait cette demande parce que même son voisin Bunyoni dispose d’un cuisinier qu’il paie 150 mille francs burundais par mois », indiquent des sources pénitentiaires.

Et de continuer: « ce dimanche, il allait mourir de faim si on n’avait pas autorisé qu’on aille lui chercher à manger dans un hôtel de la ville de Gitega. En tout cas, les conditions dans lesquelles il est détenu sont plus que déplorables. On dirait le pire ennemi de la nation ».

Jusqu’à présent, la justice burundaise n’a pas encore précisé les crimes qui lui sont reprochés en détails.

Amédée Bwimba est connu dans la petite nation de l’Afrique de l’est où il investit et est basé depuis quelques années. En 2018, il avait été arrêté pour « non livraison de logiciel » avant d’être libéré.

« Ça n’a pas de sens. On l’accuse de fraude informatique et d’après nos enquêtes, on lui demande de s’expliquer sur des choses qui se sont déroulées même longtemps avant en 2014. Pourquoi les gestionnaires de ces services ne sont pas inquiétés ? Pour nous, dans de telles circonstances, la première chose à faire n’est pas de le mettre en prison mais de tout vérifier et de lui demander de faire les choses comme il l’a promis ou alors de dédommager le gouvernement. C’est ça qui a du sens. C’est clair qu’il y a des gens qui veulent trouver un bouc émissaire afin de protéger leurs intérêts mesquins. En tout cas la justice devrait faire attention et démontrer son indépendance dans cette affaire », analyse un activiste local sous couvert d’anonymat.

Au Burundi, les prisonniers qui ont les moyens ou dont l’état de santé ne permet pas de manger la nourriture servie à tous les détenus, peuvent se trouver des cuisiniers parmi d’autres détenus qu’ils prennent en charge eux-mêmes pour leur préparer à manger, en dehors des livraisons faites par leur famille.

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Photo : Amédée Bwimba

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