RDC : l’EAC impuissante face au retrait de sa force militaire du Congo

RDC : l’EAC impuissante face au retrait de sa force militaire du Congo

Le sommet des chefs d’États de la communauté Est-Africaine tenue ce vendredi a pris acte du non renouvellement de sa force militaire par la RDC qui a annoncé que le mandat de ce contingent doit prendre fin le 8 décembre prochain. Kinshasa veut cette fois-ci tenter sa chance avec la force de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) pour combattre les groupes rebelles à l’Est du pays. (SOS Médias Burundi)

L’EAC n’a pas réussi à faire plier la RDC pour renouveler le mandat de sa force déployée dans l’est du Congo.

“Le sommet prend note que la RDC ne va pas prolonger le mandat de la force régionale déployée en mars dernier”, déclare le communiqué du sommet de l’EAC tenue ce vendredi à Arusha en Tanzanie.

“Cependant, nous recommandons aux chefs d’états-majors des pays contributeurs dans cette force de tenir une autre réunion avec l’état-major congolais pour essayer d’expliciter la mission de nos militaires”, ajoutent les présidents est-africains.

Le président congolais Antoine Félix Tshisekedi a, à maintes reprises, critiqué cette force, l’accusant d’être impuissante, estimant qu’elle aurait dû aller sur le front notamment pour combattre le M23 qui avance vers Goma en prenant plusieurs localités de la province du Nord-Kivu. Ce qui a d’ailleurs poussé un chef d’état-major de ce contingent, un Kényan, à démissionner.

Pourtant, la mission de cette force est de s’interposer d’une façon neutre, occuper les positions laissées par le M23 et, enfin, superviser le désarmement de cette rébellion après un dialogue entre les belligérants. Mais le dialogue initié à Nairobi a tourné au fiasco face au refus de Kinshasa de s’asseoir avec le M23.

Kinshasa jubile

A Arusha, Kinshasa avait envoyé une forte délégation composée du ministère de la Défense et Vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba, le ministre d’État à l’Intégration régionale Antipas Mbusa Nyamwisi et le Haut représentant du chef de l’État Serge Tshibangu. Objectif, défendre le dossier congolais pour conclure sur le départ des troupes de l’EAC du pays.

La présidence congolaise reconnaît que les membres de la délégation ont dû « batailler ferme» lors de la séance de discussion à huis clos.

Des militaires burundais de la force régionale de l’EAC à Mweso dans le Nord-Kivu

Toutefois, aucun calendrier n’a été fixé par les chefs d’États alors que le mandat de la force arrive à son terme le 8 décembre cette année.

“À l’issue des travaux, le sommet a recommandé la tenue prochaine d’une réunion des chefs d’états-majors de l’EAC pour valider le plan de désengagement”, révèle la RDC.

Kinshasa veut essayer la force de la SADC, la Communauté d’Afrique australe qui doit prendre la relève de l’EAC au Nord-Kivu.

L’on ne sait pas encore si l’EAC veut proposer que les deux forces se coalisent mais elle a en tout cas recommandé que “la réunion des chefs d’états-majors des armées de l’EAC se tienne avec ceux de la SADC avant le 8 décembre prochain”.

Trois pays de la SADC se sont déjà engagés à déployer des soldats dans l’est de la RDC. Il s’agit de l’Afrique du Sud, du Malawi et de la Tanzanie, alors que cette dernière n’avait pas pourtant envoyé de militaires, il y a plus d’un an, dans le cadre de l’EAC, organisation dont elle est membre.

Cette décision de la RDC vient aussi après que la force onusienne de la MONUSCO a été décriée par Kinshasa, priant le contingent de quitter le pays après une présence d’une vingtaine d’années sans succès considérable.

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Photo : Pierre Bemba lors du 23è sommet des chefs d’États de l’EAC à Arusha en Tanzanie, le 25 novembre 2023

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