La ministre de la justice déclare être  victime de « mauvais jugements » rendus par certains tribunaux

La ministre de la justice déclare être victime de « mauvais jugements » rendus par certains tribunaux

Aimée Laurentine Kanyana l’a dit hier dans une réunion avec des responsables judiciaires, administratifs et des représentants de la police dans la capitale économique Bujumbura. C’était en commune de Muha dans le sud de la ville. La ministre a regretté « être victime des fautes commises par des magistrats et juges ». Elle est beaucoup revenue sur un dossier qui a enflammé les réseaux sociaux dernièrement : l’emprisonnement d’Aline Ndikumana et son fils originaires de la commune de Nyabiraba en province de Bujumbura à la place du chef de ménage. ( SOS Médias Burundi)

Au coeur du débat, un dossier concernant une femme et son bébé qui avait fait parler de lui sur les réseaux sociaux ces derniers mois : Aline Ndikumana de la commune de Nyabiraba, en province de Bujumbura (ouest du Burundi) et son fils qui avaient été arrêtés et détenus pendant plus de six mois.

Madame Kanyana a jetté le tort aux juges qui, selon elle ont décidé le maintien en détention de la femme et de son fils, ce qui a terni son image. » Je n’ai pas de responsabilité dans leur emprisonnement, mais voilà que mon nom a été cité et ma photo publiée comme principale responsable dans ce dossier. Les juges ont décidé la détention d’une femme qui n’avait pas de responsabilité dans des infractions commises par son mari », a-t-elle regretté.

Aline Ndikumana et son bébé Junior Nganjiyimana ont été libérés mercredi 11 mars dans la soirée après que des activistes des droits de l’homme se trouvant en exil aient à maintes reprises dénoncé leur détention « illégale et injuste ». Une campagne en vue d’exiger leur libération avait été lancée.

La concernée et son fils avaient été interpellés et détenus à la place du chef de ménage, militant du CNL qui est toujours en cavale. En août 2019, le domicile de Théogène Ndikumana avait été fouillé par des policiers et des Imbonerakure. Ils n’ont rien trouvé mais plus loin dans un champ, des jeunes Imbonerakure diront qu’ils ont découvert des grenades et des munitions.
Son épouse et son fils de deux ans ont été arrêtés, le chef de ménage n’étant pas présent au moment des faits.

D’après certains magistrats qui ont participé à la réunion, la ministre a raison d’être en colère.
Ils trouvent que ce qui se passe dans quelques parquets et tribunaux est une honte pour leur métier. » Nous apprécions la décision qu’elle a prise de libérer la femme et le bébé. Elle ne pouvait en aucun cas être poursuivie pour une infraction qui aurait été commise par son époux car jusqu’à présent, lui aussi bénéficie de la présomption d’innocence. La loi burundaise est claire là dessus. La responsabilité pénale est individuelle et non collective ou familiale », disent-ils.

Toutefois, certains observateurs estiment que la ministre devrait aller plus loin et punir les juges et magistrats qui se rendent coupables de manquements au lieu de se contenter tous les jours de déclarations.

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