Union Africaine: Pierre Buyoya démissionne

Union Africaine: Pierre Buyoya démissionne

Sa démission aurait un lien avec le dossier Ndadaye dans lequel M. Buyoya est poursuivi. Après avoir remis sa démission au secrétariat de l’Union Africaine, Pierre Buyoya a demandé asile au Mali, témoigne une source qui lui est proche. Jusqu’ici haut représentant de l’organisation continentale au Mali et au Sahel, l’ancien président burundais a été condamné à la prison à vie ainsi que d’autres hauts dignitaires et officiers supérieurs de l’ancienne armée régulière Ex FAB (Forces Armées Burundaises avant l’intégration de mouvements armés) le 19 octobre dernier. Ils ont été accusés d’avoir planifié et commandité l’assassinat de Melchior Ndadaye, premier président Hutu démocratiquement élu en octobre 1993. Buyoya a dénoncé un procès « purement politique » le qualifiant de « simulacre ». (SOS Médias Burundi)

Une source bien informée confirme que le Major Pierre Buyoya a démissionné au début de ce mois. Il était jusque là haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel.

“Oui, l’information est vraie. Il a déjà démissionné. Le président Buyoya a remis sa lettre de démission le 7 novembre 2020. Quatre ou cinq jours après, le secrétariat de l’Union Africaine lui a répondu qu’il prend acte et que la démission est acceptée”, affirme notre source.

Toutefois, M. Buyoya n’a pas encore quitté ses fonctions officiellement.

“Le secrétariat lui a demandé de patienter un peu car l’Union Africaine conduit des élections au sein de plusieurs organes. Il assure toujours les affaires courantes”, ajoute notre source.

Certains de ses avocats ont confirmé cette information à la VOA, section Kirundi-Kinyarwanda.

Il aurait été contraint à démissionner à cause de l’affaire de l’assassinat de son successeur, le président Melchior Ndadaye. En octobre dernier, Major Pierre Buyoya a été condamné à la perpétuité dans cette affaire.

“Il ne veut pas mettre l’organisation dans l’embarras car le Burundi qui l’a condamné est membre de l’Union Africaine. Son pays est allé jusqu’à exiger son extradition”, mentionne un un diplomate à l’UA qui a parlé sous couvert d’anonymat (parce qu’il n’est pas autorisé de parler aux médias).
Il souligne que le président de la commission de l’UA Moussa Faki Mahamat a été étonné par la décision, lui qui soutient Buyoya.

Des avocats de celui qui a négocié l’accord d’Arusha avec ceux que la plupart de ses collaborateurs qualifiaient de « tribalo-génocidaires », rappellent qu’il bénéficie encore de la présomption d’innocence et que lui et ses coaccusés ont déjà fait appel de la décision de la cour suprême du Burundi.
Ils ajoutent que d’autres voies sont envisageables dont la saisie des cours et tribunaux régionaux et internationaux.

Ils voient en cette démission une « mesure mûrement réfléchie ».

Celui qui a accédé au pouvoir après des coups d’État en 1987, 1993 et 1996 avant de céder son fauteuil en 2003 a déjà demandé asile au Mali.

“Après avoir démissionné, Buyoya a introduit sa demande d’asile politique au Mali. Il l’a eue et sa garde a été aussi renforcée”, assure son entourage.

Nommé en octobre 2012 comme haut représentant de l’UA pour le Mali et le Sahel, les relations entre Buyoya et le régime CNDD-FDD ont commencé à se détériorer en 2015. Lui qui avait été soutenu par feu président Pierre Nkurunziza pour occuper le poste de secrétaire général de la Francophonie une année avant, est soupçonné par les autorités burundaises de s’être coalisé avec les meneurs du coup d’État raté du printemps 2015. La justice burundaise a lancé un mandat d’arrêt international contre lui.

_____________

Photo : Pierre Buyoya à l’Assemblée Nationale lors de la prestation de serment de feu président Pierre Nkurunziza, Août 2010 à Bujumbura

Previous Muyinga: la rougeole se manifeste chez les enfants et adultes
Next Mutumba: un ancien responsable des Imbonerakure détenu pour viol sur mineur