CNC vs Médias : une rencontre prometteuse

CNC vs Médias : une rencontre prometteuse

Pour la première fois, le conseil national de la communication (CNC) a rencontré ce lundi six médias fermés ou sous sanctions. Le régulateur des médias burundais veut régler le contentieux vieux de plus de cinq ans pour certains. En fait, il veut mettre en application les directives du chef de l’État qui, dans une rencontre avec les responsables des médias locaux la semaine dernière a demandé à cet organe de régulation de se concerter avec les responsables des médias sous sanctions. Toutes les parties prenantes saluent l’initiative. (SOS Médias Burundi)

Les participants parlent d’une rencontre qui s’est déroulée dans une ambiance détendue. Nestor Bankumukunzi, président du CNC a rappelé aux délégués de VOA (Voix de l’Amérique), de la BBC, de la radio Bonesha FM, du groupe de presse Iwacu et des Journaux en ligne Ikiriho et Nawe que “le paysage médiatique burundais a besoin d’être redoré, de se ressaisir et de suivre la déontologie pour éviter des ennuis”.

Il a semblé insister que cette première rencontre avec les médias “égarés” est une prise de contact et qu’il devra suivre des rencontres avec chaque médium incriminé pour “étudier son cas” et “prendre des mesures satisfaisantes”, notant que même “la situation ou les sanctions ne sont pas les mêmes” pour tous ces médias concernés.

Toutefois, le CNC a indiqué que les médias qui ont des dossiers judiciaires doivent d’abord vider leurs contentieux pour “rouvrir”.

Les représentants des médias suspendus ont d’emblée salué cette initiative et ont émis leurs inquiétudes. “Il ne devrait pas y avoir des préalables. Le CNC devrait mettre en exécution l’injection du président de la République qui en fait sonne comme un ordre”, ont-ils dit.

Pour ceux qui avaient saisi la justice comme la radio Bonesha FM, Léon Masengo qui l’a représentée semble être rassuré. “C’est comme si le président Évariste Ndayishimiye nous a accordé une grâce présidentielle. Que le CNC règle l’affaire judiciaire et nous obtienne cette attestation de non poursuite judiciaire, la balle est dans son camp”, estime-t-il

Medias et Journalistes en exil

Leur situation a été aussi débattue lors de la réunion de ce lundi dans la capitale économique Bujumbura. “Souvenez-vous aussi de nos confrères qui sont partis en exil après que leurs médias aient été brulés en mai 2015, dans des circonstances obscures. Il y en a aussi parmi eux qui sont poursuivis par la justice.
L’espace médiatique ne sera redoré que lorsque cette question aura été réglée pour qu’ils puissent rentrer », ont plaidé les invités.

Là, Bankumukunzi est clair. “Cette question me dépasse en tant que président du CNC. Peut être qu’elle sera débattue dans d’autres instances”, a-t-il répondu.

La majorité des conviés a fustigé la réponse.

Les responsables de la RPA, Radio TV Renaissance et l’Union Burundaise des Journalistes ont d’ailleurs sorti une déclaration, après avoir constaté qu’ils n’ont été conviés aux assises du CNC. “Nous estimons que la liberté de la presse ne pourrait être rétablie dans la situation actuelle où les autres libertés et droits n’existent pas au Burundi”, regrettent Innocent Muhozi, Bob Rugurika et Alexandre Niyungeko, respectivement responsables de la Radio Télévision Renaissance, Radio Publique Africaine et Union Burundais des Journalistes (UBJ).

Ils énumèrent toute une liste de libertés qu’ils jugent inexistantes au Burundi. “Liberté d’association et d’expression, sécurité publique pour tous, privations arbitraires des libertés des citoyens, disparitions forcées, les milliers de citoyens qui croupissent en prison pour avoir exprimé leur opinion”, décrivent-ils.

Ils affirment être disposés à répondre à “un dialogue global et inclusif avec tous les acteurs de la société burundaise”.

Pour sa part, Jérôme Kazabukeye, directeur du Journal en ligne www.itaraburundi.com se dit confiant que son médium va rouvrir même si il vit en exil. “J’ai reçu l’invitation du CNC même si je n’ai pas répondu”, at-t-il dit.

Previous Photo de la semaine : Kavimvira (RDC): des demandeurs d'asile et réfugiés burundais exigent d'être rapatriés
Next Covid-19 : les autorités peinent à faire respecter la fermeture de la frontière terrestre à Makamba