Nyarugusu (Tanzanie) : le marché central fermé

Nyarugusu (Tanzanie) : le marché central fermé

Depuis ce mercredi, le principal centre de négoce du camp de réfugiés burundais de Nyarugusu en Tanzanie est fermé. L’ordre a été donné par le président du camp en même temps représentant du gouvernement tanzanien. Il a expliqué que c’est pour éviter « le désordre » dans ce camp. Les réfugiés, eux y voient une énième manière de les contraindre au rapatriement. (SOS Médias Burundi)

Le marché fermé est situé dans la zone 11. Des réfugiés ont été surpris le matin de ce mercredi quand ils ont été informés qu’ils ne pourront plus accéder à leurs stands. “On nous a dit que le marché est fermé pour éviter le désordre. Mais c’est un prétexte! Depuis 2015, ce soit-disant désordre était toléré, mais voilà que six ans après, l’administration du camp se réveille pour agir. C’est vraiment enfantin ce qu’ils tentent d’expliquer. Ça relève de la pire méchanceté qu’ils ont contre nous ”, regrettent des réfugiés.

Pour des réfugiés qui y pratiquaient du petit commerce, c’est la désolation totale. « Même si on n’y tirait pas grand profit, c’était une occupation utile et on pouvait y gagner un peu d’argent pour s’acheter du savon et des habits. Ça nous permettait de trouver aussi des légumes pour compléter la ration alimentaire afin de lutter contre la malnutrition chez les enfants.
Mais hélas, on n’y peut rien”, se désolent-ils.

Des réfugiés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi affirment que les autorités tanzaniennes ont pris la mesure pour les contraindre au rapatriement. “Ces derniers temps, les Burundais qui manifestent la volonté de rentrer ont diminué. Nous ne doutons pas qu’ils veulent nous forcer nous aussi à rejoindre le mouvement qui est en baisse », trouvent-ils.

L’an dernier, d’autres mesures avaient été prises par les autorités tanzaniennes. C’est entre autres la fermeture de petits stands et boutiques, et le centre de négoce dénommé Muungano qui liait les réfugiés et la communauté tanzanienne d’accueil.

Toutes les sorties du camp ont depuis été bloquées, sauf l’entrée principale passant tout près du poste de police en charge de sécuriser le camp.

Des réfugiés pensent que les autorités tanzaniennes veulent viser particulièrement ce camp après avoir pris des mesures contraignantes pour les réfugiés dans deux autres camps abritant des Burundais à savoir Nduta et Mtendeli. « Nous allons résister à ce forcing qu’ils veulent nous imposer », disent des réfugiés en colère. Ils demandent au HCR de faire respecter leurs droits.

La semaine dernière, des réfugiés burundais et congolais ont été interpellés à Nyarugusu à la suite d’un sit-in effectué devant un poste de police pour dénoncer des policiers qui collaborent avec des voleurs dans le camp.
Une semaine avant, sept hommes armés avaient été arrêtés à Nyarugusu. Ils ont confirmé à la police qu’ils avaient pour mission de perturber la sécurité dans la partie occupée par des réfugiés burundais. Le camp de Nyarugusu abrite plus de 54.000 Burundais sur 147.000 que compte la Tanzanie, selon des chiffres avancés par le HCR.

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Photo : un homme se tient au milieu de stands détruits dans une partie du grand marché de Nyarugusu, mercredi 10 mars 2021

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