Burundi : une grâce présidentielle qui ne satisfait pas tout le monde

Burundi : une grâce présidentielle qui ne satisfait pas tout le monde

Plus de 5200 prisonniers devront recouvrer la liberté selon une récente grâce présidentielle. Des organisations burundaises et internationales saluent la mesure. Mais elles regrettent que les détenus dits « politiques » sont exclus. (SOS Médias Burundi)

En tout, ils sont 5255 prisonniers à bénéficier la grâce présidentielle. Un décret y relatif a été signé par le président Évariste Ndayishimiye vendredi dernier.

L’Acat-Burundi, une organisation qui milite pour l’abolition de la torture et défend les droits des prisonniers dit se féliciter que son appel ait été entendu. “C’est en réponse à notre demande de désengorger les prisons. Nous comptons plus de 13.000 détenus dans onze maisons pénitentiaires qui ne devraient abriter que moins de 4500 prisonniers, donc une population carcérale estimée à un triple de la capacité d’accueil”, a réagi Maître J.Claude Ntiburumunsi, chargé des questions juridiques au sein de l’Acat-Burundi.

Cependant, M. Ntiburumusi dénonce une décision « discriminatoire ». “Il s’agit toutefois d’une mesure discriminatoire car des prisonniers accusés du fameux crime de participation à des bandes armées ou d’atteinte à la sûreté intérieure et/ou extérieure de l’État ne sont pas inclus. C’est au moment où cette catégorie renferme des prisonniers politiques qui sont surtout des opposants arrêtés depuis 2015. Une façon en fait de les punir doublement”, précise Maître Ntiburumunsi. Il rappelle par ailleurs qu’il y a des prisonniers qui ont été graciés il y a deux ou trois ans mais qui ne sont pas encore sortis de prisons. L’Acat-Burundi espère que cette fois-ci ils seront les premiers à recouvrer la liberté.

L’Union Européenne salue la mesure.

“Pas anodin qu’environ 40% de la population carcérale d’un pays bénéficie d’une grâce présidentielle en plus de l’amélioration des conditions de la population pénitentiaire restante”, a réagi sur Twitter après l’annonce de la mesure du chef de l’État Claude Bochu, ambassadeur de l’UE au Burundi.

Le ministère de la justice a rassuré qu’une “commission juridique a déjà été mise en place pour exécuter cette mesure de grâce présidentielle”, ajoutant que la libération des détenus qui en ont bénéficié ne va pas tarder.

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Photo : la prison de Gitega

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