Attaque des camps militaires : le parquet a requis des peines allant jusqu’à la perpétuité

Attaque des camps militaires : le parquet a requis des peines allant jusqu’à la perpétuité

Devant la chambre judiciaire (premier degré) de la cour suprême en itinérance à Gitega,18 militaires dont 3 officiers, 5 sous-officiers, 10 caporaux ont comparu en audience publique qui a duré trois jours. Du 26 au 28 mai. Ces militaires se sont déclarés non coupables des accusations portées contre eux et ont réclamé leur libération. (SOS Médias Burundi)

Durant le procès, le major Vital Ndikumwenayo, ancien commandant de bataillon transmission a fait savoir que lors du procès devant la cour d’appel de Muha (sud de Bujumbura), il avait été privé de s’exprimer librement. Cet officier supérieur est accusé de participation aux bandes armées, ce qu’il rejette en bloc en faisant savoir que le bataillon qu’il commandait n’était pas opérationnel à l’instar des autres unités lors de l’attaque et qu’il ne faisait pas partie de la chaîne de commandement.

Le capitaine Innocent Manirambona, ancien officier de permanence dans la brigade logistique camp base de Bujumbura a lui aussi regretté de n’avoir pas été écouté devant la cour d’appel de Muha. Il avait été privé d’assistance judiciaire. Il est accusé par le ministère public de complicité de participation aux bandes armées.

Le capitaine Innocent Manirambona a rejeté toutes les accusations portées contre lui. Il assure avoir plutôt coordonné le commandement sur les coins stratégiques mais sans succès d’autant plus que le camp base était déjà infiltré par les « ennemis » et a déploré que des représentants (civils) du ministère public ne maîtrisent pas les tactiques militaires pour comprendre son cas.

Le sous-lieutenant Alphonse Akimana, étudiant finaliste à l’ISCAM (Institut Supérieur des Cadres Militaires) a fait savoir qu’il n’a pas comparu devant la cour d’appel de Muha parce qu’il était souffrant.
Le ministère public l’accuse de participation aux bandes armées, affirmant que l’intéressé portait un béret vert dans la nuit de l’attaque alors que généralement les étudiants de l’ISCAM portent des bérets dit makayabu et qu’il était en possession d’un AK-47 qui ne lui appartenait pas.
Le concerné a expliqué à la cour qu’il portait le béret vert du fait qu’il venait de terminer une formation dans le centre commando de Gitega. Il a également assuré n’avoir jamais été appréhendé en possession d’arme qui ne lui appartenait pas.

Les autres suspects dans cette affaire à savoir le sergent-major Denis Bigirimana et le caporal-chef Aster Nahimana ont également été accusés de participation aux bandes armées et ont rejeté ces allégations.

Le second groupe dans ce dossier est composé de l’adjudant-major Firmin Niyonkuru, adjudant Dismas Nduwumwami, adjudant Jean Claude Nshimirimana, adjudant Télesphore Mbazunutuma, le caporal-chef Jean Berchimas Manirakiza, caporal-chef Thadée Kantungeko, le caporal-chef Bernard Ndayisenga, le caporal-chef Gérard Bigirimana, le caporal-chef Jean Pierre Kantungeko, le caporal-chef Elias Hakizimana, le caporal-chef Dismas Bigirimana, le caporal-chef Audace Nizigiyimana et le caporal-chef Sylvestre Nzambimana. Tous affirment n’avoir pas été écoutés devant la cour d’appel de Muha dans un procès qu’ils ont qualifié de non-équitable, sans la présence de leurs avocats.

Devant les juges du siège de la cour suprême, les 14 militaires précités ont été accusés par le ministere public de complicité de participation aux bandes armées pour n’avoir pas pu repousser « l’ennemi » durant l’attaque de la brigade logistique camp base.

Les 14 militaires ont réfuté ces accusations et ont indiqué qu’ils n’avaient aucune autre alternative que d’effectuer un repli compte tenu des rapports de force.

Dans son réquisitoire, le ministère public a demandé une peine à perpétuité pour le major Vital Ndikumwenayo, le sous-lieutenant Alphonse Akimana, le sergent-major Denis Bigirimana et le caporal-chef Aster Nahimana.
Appuyés par leurs avocats, ils ont plaidé non coupables et sollicité d’être libérés et rétablis dans leurs fonctions.

Pour les 14 autres prévenus, il a requis une peine de 20 ans d’emprisonnement. Les concernés eux exigent d’être relâchés et réintégrés dans l’armée.

L’ affaire a été mise en délibéré. La décision va tomber dans un délai ne dépassant pas un mois.

En décembre 2015, quatre installations militaires dans la capitale économique Bujumbura et une dans la province de Bujumbura ont été attaquées par des hommes armés. Les attaques ont été suivies d’une répression sanglante dans les quartiers de la ville de Bujumbura et des communes de la province qui avaient manifesté contre un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza. L’armée avait à l’époque parlé de « 79 tués côté « ennemi », 4 militaires et policiers tués et 45 capturés parmi les hommes qui avaient attaqué les différents camps ».

Le procurer général de l’époque Valentin Bagorikunda avait parlé de 7 combattants tués dans des circonstances »non élucidées  » tout en précisant que deux informations judiciaires visant un officier de l’armée et un autre de la police avaient été ouvertes. Depuis, plus rien n’a filtré à propos de ces deux dossiers.

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Photo : la cour d’appel de Gitega

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