RDC : des Banyamulenge s’insurgent contre leur expulsion du sol congolais

RDC : des Banyamulenge s’insurgent contre leur expulsion du sol congolais

Dans un mémorandum adressé au président de la République Démocratique du Congo, 13 notables de la communauté des Banyamulenge des moyens et hauts-plateaux d’Uvira, Fizi et Itombwe s’insurgent contre ce qu’ils appellent ‘un plan d’expulsion’. Ils pointent du doigt les rebelles congolais Maï-Maï en coalition avec le groupe armé burundais Red Tabara. Ces rebelles, disent les chefs locaux, agissent dans l’impunité sous l’œil complice des éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo. Des attaques répétitives sont menées dans les villages de la région. Tueries, pillages et incendies des maisons créent le déplacement de la population. Ils demandent à M. Tshisekedi de traquer les rebelles nationaux et étrangers et de restaurer une cohabitation pacifique entre les communautés. (SOS Médias Burundi)

Ce mémorandum fait également état de plusieurs arrestations des jeunes Banyamulenge assimilés à des membres du groupe armé de cette communauté. ‘Une stratégie du plan macabre de déraciner les Banyamulenge’, indique le mémorandum. «Quand les Banyamulenge osent se défendre, du moment qu’ils ne sont ni défendus par les FARDC ni protégés par la Monusco contre toutes les attaques, ils sont pris pour cibles par les FARDC », s’indignent les signataires du mémorandum.

Ils dénoncent également l’existence de 4 camps de concentration des Banyamulenge à Minembwe, Mikenge, Kamombo et à Muramvya dans le Sud-Kivu (est de la RDC). Ces camps sont entourés par plusieurs positions des militaires qui empêchent la population d’accéder aux villages et aux champs.

Une autre preuve du plan d’expulsion et de déracinement, notent les chefs coutumiers, le déploiement des militaires issus de la communauté Banyamulenge loin du Sud-Kivu, remplacés par des militaires des communautés Bembe et Fuliru, qu’ils considèrent comme des ennemis des Banyamulenge.

Le chef de l’Etat est appelé entre autres à assurer la sécurité de cette communauté, faciliter le retour des déplacés, traquer les groupes rebelles, libérer les jeunes arrêtés et restaurer le climat de confiance et de cohabitation entre les communautés.

La société civile alerte également sur la situation préoccupante à Minembwe

15 organisations de la société civile ont quant à elles adressé une correspondance au gouverneur de la province du Sud-Kivu alertant sur les attaques répétitives des rebelles Maï-Maï et leurs alliés sur les populations de la communauté des Banyamulenge. «C’est un avertissement pour vous amener à saisir la balle au bond avant que la zone ne soit plongée dans un chaos fatal », peut-on lire dans cette correspondance adressée au gouverneur du Sud-Kivu.

Ces organisations demandent une implication personnelle du gouverneur du Sud-Kivu pour stabiliser la région.

L’est de la République Démocratique du Congo est le théâtre depuis plusieurs années de plusieurs attaques de groupes rebelles congolais et étrangers notamment burundais, rwandais et ougandais. La communauté des Banyamulenge en paie notamment un lourd tribut.

Un rapport d’experts onusiens sorti récemment met en cause la complicité des membres des FARDC de connivence avec les rebelles qui sévissent dans les villages des Banyamulenge. Ce rapport cite entre autres le général Dieudonné Muhima, ancien commandant de la brigade de réaction rapide à Minembwe présentement posté à Kalemie (capitale de la province du Tanganyika) comme étant un élément déterminant de l’appui apporté aux rebelles.

Le président congolais a décrété depuis un mois un État de siège avec comme objectif d’éradiquer tout groupe armé qui sévit à l’est de la RDC. Il concerne les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu seulement, ce qui est surprenant selon des soutiens de la communauté Banyamulenge, le Sud-Kivu étant aussi dans une constante insécurité.

Plus de dix mille Banyamulenge ont été forcés de fuir leurs localités depuis avril dernier suite à des attaques des miliciens Maï-Maï ayant visé une trentaine de villages.

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Photo : une colonne de déplacés Banyamulenge se rendent à Bwegera

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