Sud-Kivu (RDC) : plus de 50 mille déplacés laissés à eux-mêmes

Sud-Kivu (RDC) : plus de 50 mille déplacés laissés à eux-mêmes

Les attaques des groupes armés visant les familles Banyamulenge des hauts plateaux dans les territoires de Fizi, Mwenga et Uvira (province du Sud-Kivu à l’est de la RDC) ont provoqué de déplacements massifs d’habitants. Les déplacés intérieurs dans cette partie de la RDC manquent de tout. Des Bafulero sont aussi concernés dans une certaine mesure. Un reporter de SOS Médias Burundi a visité les camps et les familles d’accueil. (SOS Médias Burundi)

Les habitants qui ont fui leur ménage se trouvent notamment dans les camps de déplacés de Bijombo, Mikenke ou dans la zone forestière d’Itombwe ou encore dans des paroisses de différentes dénominations et établissements scolaires à Muramvya. Une petite partie a été reçue dans des familles d’accueil. Les concernés disent mener une vie très dure. « Ils arrivent très difficilement à trouver de quoi mettre sous la dent », a remarqué notre reporter.

Depuis trois ans par exemple, il y a toujours eu des déplacements de membres de la communauté Banyamulenge, selon Rwizihirwa Rwinina, responsable du groupement de Bijombo.

Un couple de déplacés tente de recommencer la vie dans une petite hutte

Il met en cause des groupes armés locaux surtout les Maï-Maï et un mouvement armé burundais, les Red Tabara.

Au cours de cette période, au moins 50 villages ont été brûlés et désertés par leurs habitants. Mais l’administratif regrette qu’aucune aide des ONGs ou du gouvernement n’a jusqu’ici été mobilisée. « On nous dit qu’il y a des ONGs qui donnent de l’aide à des déplacés des zones accessibles. Mais depuis le déclenchement de la guerre en 2018 jusqu’à aujourd’hui, aucune aide ne nous est parvenue alors que les gens dorment à la belle étoile sans nourriture du fait que leur récolte a été brûlée tout comme leurs maisons », indique-t-il.

Ndabiluba Muhale est responsable du camp de déplacés de Bijombo où sont regroupés des Bafulero. Il en compte plus de trois mille. Les occupants ont été obligés de quitter leurs zones de Kagago, Murambi et Mwishenge en 2019 fuyant des attaques du groupe armé Gumino. Pour eux aussi, aucune aide depuis. « Là où nous sommes regroupés, nous n’avons jamais reçu d’aide du gouvernement ou des ONGs. Les ONGs nous expliquent que nous sommes dans un lieu inaccessible et nous leur avons proposé de nous laisser aller nous-mêmes récupérer l’aide à Uvira, en vain.
Elles disent qu’il y a l’insécurité sur le chemin qui y mène », se désole-t-il.

Une petite cabane servant d’abris de déplacés à Muramvya

Le camp de Mukenke abrite plus de deux mille cinq cents déplacés. Ils n’ont jamais été assistés également depuis 2019.

Selon Joshua Basanda, représentant de ces déplacés, « nous ne comptons que sur nos enfants éparpillés dans le monde pour survivre ». « Nous risquons de mourir de faim car même les rares champs de maïs que nous avons ont été pillés par des militaires », confie-t-il.

Le problème d’accessibilité est aussi évoquée pour plus de 45 mille déplacés de Minembwe.

Pour Ruvuzangoma Saint Cadet, représentant de la société civile à Minembwe, il s’agit ni moins ni plus d’une exclusion. « Des agences de l’ONU et ONGs assistent les réfugiés et déplacés se trouvant à Makobola, Munene, Swima, Mboko, Lusenda, Lwebwa, Sebele, Fizi Mukela, Katanga et Mulima mais elles excluent les déplacés intérieurs de Minembwe », déplore l’activiste.

« L’aide peut être convoyée jusqu’à Mulima et les déplacés sont capables d’aller la récupérer eux-mêmes ou bien le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) peut donner des jetons comme il le fait pour des réfugiés et déplacés installés dans la plaine de la Rusizi ou encore utiliser la voix aérienne pour acheminer l’assistance jusqu’à Minembwe », propose M. Ruvuzangoma.

Des déplacés s’installent à Muramvya

Des agences de l’ONU dont le PAM (Programme Alimentaire Mondial) et d’autres organisations humanitaires font savoir que l’aide est disponible mais qu’il est impossible de la faire parvenir aux bénéficiaires suite à l’inaccessibilité de la région où ils sont basés.

Lors d’une récente visite à Uvira, l’ambassadeur des États-Unis au Congo , Michael A. Hammer a annoncé que l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) va commencer à aider les habitants de Minembwe, Bijombo et Mikenke affectés par la guerre.

____________

Photo : une femme en train de construire sa propre case dans un camp de déplacés

Previous Shombo : trois militants du CNL en détention
Next RDC-Irumu : cinq personnes tuées dans une incursion d'hommes armés