Burundi : l’IDHB dénonce une recrudescence des cas de torture et de disparitions forcées

Burundi : l’IDHB dénonce une recrudescence des cas de torture et de disparitions forcées

L’Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB) a sorti un rapport intitulé « Derrière les grilles: recrudescence des cas de torture et de disparitions ».
Le rapport fait état d’une évolution alarmante de la situation des droits de l’homme. Il cite entre autres abus d’arrestations arbitraires, la torture infligée à des détenus au SNR (service national de renseignements), des cas de disparitions forcées alors que les victimes étaient arrêtées par des présumés agents de renseignements ou de la police. L’organisation trouve que le président Évariste Ndayishimiye prône le respect pour les droits humains et la justice dans ses discours, mais ferme les yeux sur les crimes commis dans son pays.
(SOS Médias Burundi)

Selon l’IDHB, l’engagement du Burundi en faveur des droits humains semble être en train de s’écrouler. « À la suite d’une série d’attaques mortelles par des groupes armés non identifiés, le langage diplomatique du gouvernement sur la paix et la sécurité a fait place à une réalité plus sinistre. Des dizaines d’opposants politiques ont été arrêtés arbitrairement, accusés de collaboration avec des groupes armés. Bon nombre d’entre eux ont été détenus au secret au siège du Service national de renseignements à Bujumbura (ville commerciale) où certains ont été torturés pour leur extorquer des aveux ou d’autres informations », indique le rapport qui détaille également que le
nombre de personnes enlevées par de présumés agents du service de renseignements ou de la police a fortement augmenté au cours des derniers mois et que certaines d’entre elles n’ont pas réapparu.

Abus personnalisés

Le rapport documente cette évolution alarmante depuis avril 2021 et décrit le bilan violent de Moïse Arakaza, commissaire de police à Mugamba, province de Bururi (sud) jusqu’en août 2021. Arakaza a arrêté et torturé de nombreuses personnes qui, selon lui, soutenaient l’opposition armée. « Ses techniques de torture préférées consistent à frapper des détenus avec le côté plat d’une machette, à leur frotter du piment dans le nez et à menacer de les tuer. Il a également extorqué d’énormes sommes d’argent à des détenus en échange de leur libération, au mépris de la campagne anti-corruption du gouvernement. La brutalité systématique d’Arakaza est bien connue, mais les autorités ont refusé de prendre des mesures à son encontre », peut-on lire dans le rapport.

Qu’en dit le président Neva?

D’après l’organisation, le président Évariste Ndayishimiye prône le respect pour les droits humains et la justice dans ses discours, mais ferme les yeux sur ces crimes. « S’il veut présenter une image crédible, il devrait mettre fin au comportement cruel de certains agents de l’aile dure au sein du service de renseignements et de la police, ainsi qu’à l’impunité qui les protège. La détérioration de la situation des droits humains devrait déclencher un signal d’alarme pour les acteurs internationaux: ne prenez pas pour argent comptant les belles promesses du gouvernement en matière des droits humains pendant qu’il continue de torturer et de faire disparaître ses opposants présumés », conclut le document.

Le porte parole du gouvernement n’était pas disponible pour réagir à ces allégations. Mais lors de la récente assemblée générale des Nations-Unies à New York en septembre dernier, le président Évariste Ndayishimiye avait loué des actions importantes de son gouvernement en matière de protection des droits humains.

« Nous saisissons cette occasion pour demander au Conseil des Nations Unies pour les droits de l’homme de faire une lecture juste et responsable des efforts que le Burundi déploie pour protéger les droits des citoyens et les apprécier à leur juste valeur. Toute tendance de singulariser le Burundi en lui collant des mécanismes spéciaux en matière des droits de l’homme est tout simplement contre-productive. Le Burundi dispose des mécanismes nationaux à même de défendre, promouvoir et protéger les droits de l’homme”, a-t-il déclaré.

Et d’ajouter, “Dans la pratique, le gouvernement s’est concentré sur la protection des droits de l’homme, le respect des principes démocratiques, des libertés d’opinion, d’expression ».

Previous Mwaro : découverte d'un cadavre à Nyabihanga
Next Kirundo : l'hôpital refuse des soins à une mineure et meurt sans secours