Burundi : le président Neva affirme être impliqué dans la détention du Dr Sahabo

Burundi : le président Neva affirme être impliqué dans la détention du Dr Sahabo

Le chef de l’Etat burundais Évariste Ndayishimiye l’a déclaré ce mardi lors de sa toute première conférence de presse. Il a indiqué que l’Etat est l’actionnaire principal de la clinique Kira Hospital dont le docteur Christophe Sahabo était l’administrateur directeur général jusqu’à son arrestation début avril dernier.
« Moi, j’ai dit qu’il faut chercher l’argent du pays, les actions doivent générer des bénéfices afin de les utiliser dans les besoins du pays[…], si j’étais procureur, je ferais de même », a-t-il annoncé.
(SOS Médias Burundi)

Le président Neva n’a pas attendu que des journalistes lui posent des questions pour s’exprimer sur le dossier du docteur Christophe Sahabo, ancien ADG de la plus moderne clinique du Burundi. S’exprimant en langue locale le Kirundi, il a donné un éclaircissement et la position du gouvernement burundais dans cette affaire que personne d’autres parmi les autorités n’avait jusqu’à présent évoqué.

« [….], si j’étais procureur je ferais de même. D’autres personnes ne cessent d’être relâchées grâce à mon intervention car moi aussi je fais mes propres petites enquêtes. Ceux-là qui disent que c’est moi qui le maintiens en détention, oh mon Dieu! C’est en quelque sorte vrai car je me suis décidé à retrouver partout où est caché l’argent du gouvernement. Dans un premier temps , ils disaient qu’il victime de son appartenance ethnique. Les Burundais sont vraiment fatigués », a indiqué le président Neva dans une sorte de préambule , évoquant des questions de justice dans son pays lors de sa toute première conférence de presse ce mardi.

Et d’insister sur un ton plus convainquant » Moi quand je parle, je dois être sûr de la valeur des actions du gouvernement pour déterminer les bénéfices que nous allons récolter ».

Et d’énumérer les actions des sociétés para étatiques dans la clinique Kira Hospital.

« Imaginez, la Sobugea qui est Burundi Airlines y a placé trois milliards, la Socabu (Société d’assurance du Burundi) y a injecté plus de sept, l’INSS (Institut national de sécurité sociale) y a un montant qui n’est pas inférieur à cinq milliards sans parler de la Camebu (centrale d’achat de médicaments essentiels du Burundi) et de l’ONPR (Office national des pensions et risques professionnels…de façon que c’est le gouvernement qui se trouve être l’actionnaire principal. Il y a eu une enquête privée qui a démontré que les actions du gouvernement représentent 70% environ. Moi j’ai exigé à ce que l’on combine les actions et quand au moment du processus l’on découvre des irrégularités, ce n’est pas très compliqué l’on doit déclencher des procédures judiciaires. Là je ne peux plus intervenir. Moi j’ai dit qu’il faut chercher l’argent du pays pour ramener des bénéfices afin de pouvoir l’utiliser dans les besoins du pays ».

M. Sahabo a été arrêté début avril dernier par les renseignements burundais. Il reste détenu dans un cachot du SNR (service national de renseignements) dans la ville commerciale Bujumbura. Un ressortissant français interpellé le même jour que lui a été relâché 24h après. Il était président du conseil d’administration de Kira Hospital. Cette clinique, la plus moderne et prestigieuse du Burundi et dont la majorité des investisseurs et actionnaires sont suisses est un projet de M. Sahabo. Jusqu’à présent, il n’a pas été présenté à un juge et récemment, ses avocats ont confié à SOS Médias Burundi qu’il reçoit difficilement les visites, même quand il s’agit de son médecin. Au Burundi, les renseignements ont le privilège de détenir des gens pendant une « durée indéterminée ».

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Photo : le président Neva lors de sa toute première conférence de presse, le 10 mai 2022 à Bujumbura

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