Burundi : calvaire des réfugiés burundais dans les pays de l’EAC (ACAT)

Burundi : calvaire des réfugiés burundais dans les pays de l’EAC (ACAT)

L’action des chrétiens pour l’abolition de la torture au Burundi ACAT-Burundi a commandité une étude sur la situation des réfugiés burundais dans les pays de la Communauté Est-Africaine. Le constat est que les Burundais qui sont en Tanzanie et en RDC sont maltraités et vivent dans une situation intenable. (SOS Médias Burundi)

L’étude est intitulée: “Réfugiés Burundais: une application différenciée des conventions par les pays d’asile de la sous-région ». Elle révèle que la vie des réfugiés burundais vivant en Tanzanie et en RDC est un calvaire.

“Nous avons trouvé que depuis 2015, plusieurs d’entre eux sont malmenés, torturés, emprisonnés injustement, portés disparus, extradés vers le Burundi, forcés au rapatriement volontaire déguisé”, a détaillé maître Armel Niyongere, président de l’ACAT-Burundi lors des travaux de restitution de l’étude.

Léopold Sharangabo, vice-président de la coalition burundaise des défenseurs de droits humains vivant dans les camps de réfugiés (CBDH/VICAR) invité dans la séance, ne mâche pas les mots et donne des chiffres alarmants.

“Notre récent rapport montre qu’au moins une dizaine de réfugiés ont été tués dans des circonstances floues dans les camps en Tanzanie durant les deux derniers mois. Et, au moins deux cents réfugiés ont été portés disparus dans les trois dernières années. Sans parler de rapatriement forcé . Il y aussi le cas de huit Burundais qui ont été extradés et emprisonnés injustement au Burundi”a rappelé l’activiste.

Inquiétude partagée par l’UA

De telles allégations avaient été soulevées par l’Union Africaine en 2021.

La Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples avait rendu public un rapport accablant sur les violations des droits des réfugiés burundais en Tanzanie. Elle dénonçait des disparitions forcées, des arrestations arbitraires, des tueries et des restrictions aux droits élémentaires. L’Union Africaine en appelait au pays hôte de se ressaisir.

Le HCR impuissant

“Alors que le HCR estime que la grande majorité des réfugiés qui sont rentrés dans le cadre des procédures de rapatriement volontaire assisté ont fait le choix éclairé de le faire, à divers moments, le HCR a constaté une pression importante sur les réfugiés burundais en Tanzanie pour qu’ils s’engagent au rapatriement librement consenti”, a fait savoir Tina Ghelli, Conseillère principale en communication au Bureau régional du HCR pour l’Est, la Corne et les Grands -Lacs d’Afrique.

“Nous craignons que certains aient eu le sentiment de n’avoir pas d’autre choix. Le HCR entreprend des évaluations volontaires avant le départ dans le cadre des efforts visant à garantir que le retour est volontaire”, a-t-elle ajouté.

Pour le moment, l’ACAT-Burundi, se dit déterminée et compte collaborer avec d’autres organisations sous- régionales et africaines pour porter plainte contre la Tanzanie pour “la non application des conventions relatives à la protection des réfugiés dont celle de 1951 de Genève qu’elle a ratifiées ».

Léger mieux au Rwanda et en Ouganda

Pour le consultant qui a fait des enquêtes pour le compte des organisations burundaises, le Rwanda et l’Ouganda sont de bons élèves quant à la mise en application des conventions en rapport avec la protection des réfugiés.

Le comité exécutif des réfugiés urbains au Rwanda se réjouit de la politique du pays d’accueil dans le domaine des libertés de réfugiés

“Nous avons des cartes mutuelles de santé, des cartes d’identité qui nous permettent d’ouvrir des comptes en banque avec d’autres avantages, les permis de conduire obtenus au Burundi expirés se renouvellent ici, des passeports pour réfugiés sont disponibles,…Nous pouvons affirmer que nous sommes bien pris en charge même si des défis ne manquent pas surtout pour l’éducation de nos enfants”, a déclaré Patrice Ntadohoka, représentant des réfugiés urbains au Rwanda.

Plus de 300 mille Burundais sont encore en exil dans les pays de la sous-région, essentiellement en Tanzanie, d’après le HCR.

*La Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, dite Convention de Genève, définit les modalités selon lesquelles un État doit accorder le statut de réfugié aux personnes qui en font la demande, ainsi que les droits et les devoirs de ces personnes.

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Photo d’illustration : des réfugiés burundais dans le camp de Nduta

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