Burundi-DUDH : les activistes dénoncent toujours des violations graves des droits humains

Burundi-DUDH : les activistes dénoncent toujours des violations graves des droits humains

Le 74 ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme a été célébré le 10 décembre 2022. Cette journée est arrivée au moment où les défenseurs et activistes burundais de droits humains décrivent que le Burundi fait encore face aux séquelles de la crise de 2015 en ce qui concerne principalement l’impunité des crimes commis par les agents de l’Etat et leurs complices au sein de la police ou des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti CNDD-FDD) notamment. Mais la CNIDH (Commission nationale indépendante des droits de l’homme) dresse un autre tableau. (SOS Médias Burundi)

D’après des défenseurs des droits humains au Burundi, la situation n’a pas encore changé, sept ans après la crise politique de 2015 déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza et deux ans après l’installation d’un nouveau régime qui, disent-ils, « promet des merveilles sans actes concrets ».

“Nous continuons d’assister également à la criminalité qui se manifeste par la découverte des corps abandonnés dans la nature ou sur des voies routières sans que la police ou la justice ne parviennent pas , souvent, à identifier les auteurs de ces crimes pour les poursuivre en justice”, s’alarme Maître Armel Niyongere,
Avocat inscrit sur la liste des Conseils à la CPI,en même temps Secrétaire Général de SOS-Torture/Burundi et Président de l’Acat-Burundi.

Le bilan des trois derniers mois est alarmant.

“Plus de 70 personnes tuées, plus de 120 atteintes physiques dont des tortures, violences sexuelles, arrestations arbitraires et exécutions extra-judiciaires. C’est inquiétant et désolant”, précise un rapport de SOS-Torture.

La ligue Iteka, elle parle de plus de 300 personnes tuées en 2022.

La situation carcérale dans les prisons est aussi alarmante d’après ces activistes.

“Le nombre de prisonniers dépasse largement la capacité d’accueil des maisons d’arrêt, par exemple le nombre de prisonniers est de plus de 10 mille détenus pour une capacité d’accueil de 4.194 prisonniers”, déplorent-ils.

Pour l’espace politique, ils affirment qu’il reste verrouillé.

“[…] Car les médias et les organisations de la société civile suspendues ou radiées en 2015 ne sont pas encore réhabilités tandis que la plupart des défenseurs des droits humains restent en exil. Des défenseurs restent arbitrairement détenus comme c’est le cas de Tony Germain Nkina et Floriane Irangabiye récemment rentrée du Rwanda. Les opposants politiques font également objet de harcèlement comme ceux du parti CNL”, regrette Maître Niyongere.

Les activistes burundais saluent toutefois des avancées, pourtant peu significatives, selon eux.

“Certes, il y a des avancées à reconnaître comme la libération des prisonniers politiques, le rapatriement volontaire des réfugiés dont les effectifs ont augmenté depuis 2020. Mais le nombre des réfugiés qui rentrent a tendance à diminuer à cause justement de ces violations qui persistent”, dénoncent-ils.

Cependant, le président de la République tient un discours favorable à la promotion et à la protection des droits de l’homme.

Des Imbonerakure et policiers défoncent une porte d’une maison d’un homme soupçonné de détenir des armes illégalement dans le nord de la ville commerciale Bujumbura

Ce langage ne satisfait pas le monde des activistes.

“Notre seul dernier rapport le contrarie. La Ligue Iteka dresse un bilan de 70 personnes tuées, 8 enlevées, 16 torturées, 35 cas de violences basées sur le genre et 155 personnes arrêtées arbitrairement. Ce bilan sur la situation des droits humains couvre la période de septembre au 20 novembre 2022”, analyse Anschaire Nikoyagize, président de la Ligue Iteka, la pionnière dans le domaine de la lutte pour les droits humains dans la petite nation de l’Afrique de l’est.

L’Acat-Burundi va plus loin.

“La parole n’est pas souvent liée à l’acte. Plus inquiétant encore, on observe dans les discours du président Évariste Ndayishimiye aux Nations Unies, le déni des violations pourtant documentées par le rapporteur spécial des droits de l’homme avec qui le Burundi ne veut toujours pas collaborer”, souligne l’avocat Armel Niyongere.

“Nous recommandons donc au gouvernement de joindre l’acte à la parole en matière de respect des droits humains conformément à ses engagements nationaux, régionaux et internationaux y relatifs”, dit-il.

Levée inopportune des sanctions

L’Union européenne a récemment levé des sanctions contre certains dignitaires burundais dont le premier ministre Gervais Ndirakobuca.

“L’UE constate un léger mieux et veut encourager les efforts du gouvernement sur le terrain du respect des droits humains”, a expliqué l’UE.

Les activistes burundais estiment que l’UE a mal lu la situation.

Ce samedi, le président de la CNIDH Sixte Vigny Nimuraba a dressé un bilan plutôt positif de la situation des droits humains au Burundi, parlant des avancées très significatives.

« Cette célébration arrive au moment où le Burundi a renoué des liens d’amitié avec les partenaires de développement, différentes commissions ont été mises en place pour le respect des droits de l’homme et plusieurs réformes sont en cours(…) le pas franchi est satisfaisant », s’est félicité M. Nimuraba dans une déclaration lue à la presse locale dans la ville commerciale Bujumbura sans accepter les questions de journalistes.

Et de nuancer.

« Malgré la mesure de la grâce présidentielle,les prisons sont toujours débordées , parmi les prisonniers, il y a ceux qui n’ont jamais été présentés à un juge ».

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Photo : Maître Armel Niyongere, Avocat inscrit sur la liste des Conseils à la CPI

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