Burundi : la CVR va produire un rapport qui s’étend sur la période de 1885 à 1971

Burundi : la CVR va produire un rapport qui s’étend sur la période de 1885 à 1971

Le rapport sera rendu public avant la fin de cette année, a annoncé jeudi le président de la CVR , Pierre Claver Ndayicariye. Il dit que sa commission veut analyser le rôle des missionnaires, des colons dans les événements de 1972 et tous les autres événements qui se sont produits avant. (SOS Médias Burundi)

Pierre Claver Ndayicariye l’a dit dans une formation qui se tient depuis ce jeudi jusqu’à samedi à l’intention des journalistes locaux et commissaires de la CVR (Commission Vérité et Réconciliation) dans la capitale politique Gitega.

Il a parlé d’un rapport encore « confidentiel mais très important  » qui n’a pas encore été soumis aux autorité du pays.

M. Ndayicariye a de nouveau qualifié les massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis de “génocide contre les Hutus du Burundi” même si le chef de l’État Évariste Ndayishimiye a affirmé qu’il n’est pas encore temps de « qualifier les différents massacres qui ont été commis au Burundi dans le passé ».

Le président de la très controversée commission reconnaît que « plusieurs Tutsis ont aussi été massacrés » sans toutefois utiliser les termes « crime contre l’humanité ou génocide « comme il le fait quand il s’agit de tueries concernant les Hutus.

La CVR fait partie des instruments prévus par l’accord de paix et de réconciliation d’Arusha de 2000. Elle reste la plus décriée des commissions mises en place dans ce cadre. Elle est attaquée par les associations de défense des droits de Tutsis qui lui reprochent de ne se préoccuper que des massacres qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis.

Le 20 décembre 2021, le président de la très controversée commission a déclaré que les massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis constituent « un génocide contre les Hutus du Burundi».
C’était en marge d’une présentation d’un troisième rapport d’étape aux deux chambres du parlement dans la capitale économique Bujumbura. Mais le président Évariste Ndayishimiye a indiqué en mai dernier qu’il n’est pas encore temps de déclarer que « les tueries de 1972 constituent un génocide ».

Le Burundi a la même composition ethnique que le Rwanda, son voisin du nord où le génocide contre les Tutsis en 1994 a été reconnu par l’ONU.

Au Burundi, malgré la reconnaissance des massacres de 1972 communément connus comme « les événements de 1972 » comme « un génocide contre les Hutus » par les Huts majoritaires au pouvoir aujourd’hui, les deux ethnies peinent encore à se mettre d’accord sur l’appellation des crises qui ont emporté les leurs.

Jusqu’à présent, les Tutsis restent convaincus que la tragédie qui s’est abattue sur les leurs à la suite de l’assassinat du premier président Hutu démocratiquement élu Melchior Ndadaye en 1993 est « un génocide contre les Tutsis »,ce qui préoccupe moins M. Ndayicariye et sa commission qui ont refusé dans certaines provinces d’aller visiter des sites où des fosses communes de Tutsis leur ont été signalées.

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Photo d’illustration : le président de la CVR Pierre Claver Ndayicariye sur un site d’excavation de restes d’ossements humains dans le centre-est du Burundi

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