Bujumbura : brève comparution du journaliste Kenny Claude Nduwimana
Le journaliste local Kenny Claude Nduwimana a brièvement comparu au tribunal de grande instance de Mukaza dans la ville commerciale Bujumbura ce jeudi. Il lui a été donné un nouveau rendez-vous pour juillet prochain. Pour cause, son coaccusé ne s’est pas présenté à l’audience publique de ce jeudi. Un nouveau plaignant s’est également invité dans l’affaire. Il risque plus de vingt ans de prison ferme. (SOS Médias Burundi)
Kenny Claude Nduwimana était surveillé par plusieurs policiers, ont remarqué des collègues et un reporter SOS Médias Burundi. Dans l’audience de ce jeudi, il était accompagné par ses deux avocats.
Les juges n’ont pas autorisé aux rares confrères qui étaient au tribunal de prendre des images.
« Il vous faut une autorisation spéciale écrite pour vous permettre de prendre des images », ont-ils expliqué à des journalistes qui couvraient l’audience.
Accusations
Selon la citation que SOS Médias Burundi a vue, Kenny Claude Nduwimana est poursuivi pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, outrage envers les agents de l’autorité publique et divulgation de fausses informations ». Ces crimes sont passibles d’une peine d’emprisonnement de plus de vingt ans, selon le code pénal en vigueur dans la petite nation de l’Afrique de l’est.
Enfoncer le clou
Ce jeudi, le tribunal de Mukaza qui a condamné à 10 ans de prison ferme la journaliste Floriane Irangabiye en janvier 2023, a signifié à M. Nduwimana qu’il existe un nouveau plaignant. Il s’agit du colonel de police Alfred Innocent Museremu, l’ancien commissaire en charge des renseignements intérieurs au SNR (Service national des renseignements). Ce dernier, d’après le témoignage des proches du journaliste Kenny Claude Nduwimana et lui-même, a confisqué un matériel du journaliste d’une valeur de près de 43 millions cinq cents mille francs burundais en 2021, alors en fonction. L’officier de la PNB (Police nationale du Burundi) s’est fait représenter par un avocat. Ses accusations n’ont pas été lues. Il a été décidé le report de l’audience au mois de juillet cette année. Les juges ont expliqué que le coaccusé de Kenny Claude Nduwimana ne s’est pas présenté. Il s’agit de Médard Muhiza, l’ancien chargé d’affaires à l’ambassade du Burundi à Kinshasa, la capitale du Congo.
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Détention illégale?
D’après les avocats de Kenny Claude Nduwimana, ses proches et le concerné, « les crimes pour lesquels il est poursuivi ont été fabriqués de toutes pièces ». Ils estiment qu’il est victime de son métier.
« Dans un premier temps, le porte-parole du ministère en charge de la sécurité a indiqué que Kenny était impliqué dans des affaires d’escroquerie. Après, ils ont dit qu’il est détenteur d’un compte X ( Anciennement Twitter ) qui diffuse de fausses informations dans le but de ternir l’image du pays et de ses dirigeants. Des agents secrets spécialisés dans l’informatique ont fouillé son ordinateur et son téléphone. Ils n’ont rien trouvé de compromettant. Mais malgré ça, ils l’ont envoyé en prison. Il est emprisonné tout simplement pour avoir dénoncé la spoliation des terrains par des autorités administratives. Il est victime de son métier de journaliste », disent-ils.
Depuis son arrestation début octobre 2023, c’était la deuxième comparution de Kenny Claude Nduwimana. Il avait comparu devant le même tribunal en mars dernier. Ses proches dénoncent « des mesures dilatoires visant à le maintenir en prison illégalement ».
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Photo : Kenny Claude Nduwimana dans l’audience du 2 mai 2024 au tribunal de Mukaza
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